Viols en série aux Assises

Par 11/01/2017 - 15:42 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:16

Sur les six affaires jugées au cours de cette première session des Assises de Martinique de 2017, cinq concernent des viols dont la majorité a été commis sur des mineurs. Des chiffres qui font écho à ceux rendus publics lundi (9 janvier 2017) par Le Figaro. Le quotidien national révèle que le nombre de viols a augmenté de 16% entre 2015 et 2016 dans toute la France. Et ils concernent une majorité de mineurs.

    Viols en série aux Assises
Les affaires de viols sont en hausse au niveau national. "Les viols ont augmenté de plus de 14 % en 2016. De 13.881 cas signalés et transmis à la justice en 2015, ces infractions sont passées à 15.848 l'an passé", indique Le Figaro.

La Guyane (5 viols pour 10 000 habitants), la Réunion, la Guadeloupe font parti des cinq départements les plus touchés par les viols au regard de leur population avec L'Orne et le Territoire de Belfort.

Si la Martinique n'apparait pas dans ce triste top 5, elle n'en est pas moins concernée par le phénomène. Il suffit de consulter la liste des affaires jugées en Cour d'Assises. Sur les deux dernières sessions d’assises (novembre 2016 et janvier 2017) qui comptaient 12 dossiers, 7 étaient des dossiers de viols.

Les mineurs particulièrement touchés

Maître Carderot qui défend souvent les intérêts des victimes de viol constate que ces dossiers concernent toutes les franges de la population. "Nous avons des dossiers qui peuvent toucher des familles monoparentales au RSA comme des familles unies qui ont des revenus conséquents, une position sociale. Les viols sur mineurs sont assez nombreux. En Martinique on parle des beaux-pères qui peuvent en commettre, mais ce sont aussi les pères, les oncles, les cousins. Cela peut concerner n'importe quel membre de la famille", explique l'avocate.

Sur les cinq affaires de viols appelées à la barre au mois de janvier, trois concernent des victimes mineures. Selon le Figaro, "un viol de mineur a lieu chaque heure en France".

Difficile cependant de savoir si les faits sont plus nombreux ou si les victimes dénoncent désormais plus facilement ces actes. "Je pense que les langues se délient parce qu'il y a eu beaucoup de campagnes de sensibilisation notamment dans les établissements scolaires. C'est vrai que les enfants à l'occasion de certains évènements ont été amenés à raconter des choses qu'ils pensaient parfaitement normales", explique Maître Carderot.

La parole se libère dans les couples

La session d'Assises de janvier s'ouvre avec une affaire de viol conjugal. Un cas plus fréquent qu'on ne le pense. "Beaucoup pensaient que les viols entre concubins et époux n'étaient pas sanctionnables. Ils estimaient que le devoir conjugal justifiaient que l'on devait dire oui à toutes leurs exigeances. Maintenant on se rend compte que parmi les violences au sein du couple il y avait les violences sexuelles. Les femmes arrivent à comprendre que ce n'est pas parce qu'elles sont en couple que leur oui est éternel. Cela représente une circonstance aggravante mais qui reste difficile à prouver", déplore Maître Carderot.

Karl Lorand et Cédric Catan