Disparition : Siméon Salpétrier, homme de conviction et militant intransigeant

Par 13/01/2016 - 01:25 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:26

Avec Siméon Salpétrier, 75 ans, décédé ce mardi 12 janvier 2016, c'est une figure historique du socialisme martiniquais des années 70 à 80 qui disparaît. Membre fondateur de la Fédération Socialiste de Martinique, 1er secrétaire départemental de la FSM à l'arrivée de la gauche au pouvoir le 10 mai 1981, Siméon Salpétrier a joué un rôle de premier plan en raison, notamment, de sa proximité avec le nouveau pouvoir symbolisé par François Mitterrand.

    Disparition :  Siméon Salpétrier, homme de conviction et militant intransigeant
(Mis à jour le 13/01/2016 à 10:55 et 13:00 avec réaction du PS)
C'était en juillet 1981, se souvient Louis-Joseph Manscour, Siméon et moi, nous avions été reçus par François Mitterrand. A l'Elysée. François Mitterrand, auréolé de sa victoire du 10 mai et de sa majorité absolue obtenue au parlement chambre un mois plus tard.

20 minutes d'entretien en tête accordées par le nouveau chef de l'Etat au premier secrétaire de la FSM qu'était Siméon Salpétrier et à moi, qui n'était pas encore parlementaire, se rappelle encore mi-amusé, mi-ému l'actuel député européen.

Une anecdote qui illustre un peu le parcours d'un homme de conviction devenu un militant socialiste intransigeant, et clivant aux yeux de certains qu'il agaçait manifestement tant ils étaient conscients que ce professeur de collège, nourri au lait de l'école laïque et obligatoire, avait l'oreille du nouveau pouvoir et avait surtout tendance à en rajouter.

Et pourtant, Louis-Joseph Manscour se souvient encore de l'efficacité de ses interventions auprès de tel ou tel pour tel ou tel.

C'est en octobre 1972 à la cantine scolaire de Trinité que la Fédération Socialiste de la Martinique est porté sur les fonts baptismaux. Serge Jean-Louis, Emmanuel Serbin, Casimir Branglidor, Alexandre Benetto de la Prairie et.... Siméon Salpétrier comptent au nombre des membres fondateurs.
1er secrétaire de la FSM durant une dizaine d'année, Siméon Salpétrier a été également membre du conseil national du PS à Paris où il a ses entrées à la rue Solférino, siège du part. Et c'est là qu'il rencontre les hiérarques du parti.

Candidat malheureux aux législatives en mars 1993 dans la 1ère circonscription de Martinique, il ne deviendra pas non plus maire du Lorrain malgré plusieurs tentatives. Il sera néanmoins conseiller général du canton du Lorrain et conseiller régional avec un poste de vice président.
Un malaise cardiaque en pleine séance plénière avenue des Caraïbes à Fort-de-France le tiendra un moment éloigné de la scène politique. Et ces dernières années, il avait pris une distance critique à l'égard de ses camarades de parti.

Un homme de conviction et un grand militant pour Louis Joseph Manscour, Léandre Moreau en vieux militant socialiste retient l'image d'un "pur produit socialiste défendant ses convictions avec force". Selon lui, Siméon Salpétrier avait coutume de dire, "on ne m'achètera jamais, je préfère crever mais je ne serai jamais corrompu".

"La disparition, ce 12 janvier, de Siméon SALPETRIER est une triste nouvelle pour l’ensemble des socialistes", estime la FSM dans un communiqué signé par son premier secrétaire fédéral, Frédérick BERET.
Selon la FSM, il incarnait une certaine idée du socialisme, de son histoire et de ses conquêtes. Et, il fut une des figures marquantes du socialisme en Martinique".

Didier Laguerre, le maire de Fort-de-France salue pour sa part le père de famille, le militant qui fut l'un des principaux leaders socialistes des années 80 jusqu'en 2000. Ancien enseignant, ancien secrétaire de la fédération socialiste de Martinique, Siméon Salpétrier a été et restera un combattant de premier ordre.

Pour Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, "Dans la lignée de Joseph Lagrosillière qui avait été un des acteurs de la fondation de la SFIO, Siméon Salpétrier fut une figure importante du Parti socialiste et de la vie politique martiniquaise des années 80-90. Il avait avec d'autres, fondé la fédération socialiste dans l'île après le congrès d'Épinay. Dirigeant de premier plan, cet élu du Lorrain fit beaucoup pour la région Martinique notamment en matière de transports. C'était, comme Aimé Césaire et Camille Darsières, un homme de convictions".

Grand militant aux colères mémorables, poursuit Jean-Christophe Camadélis, il avait aussi été un proche de Jean Poperen lorsqu'il était Premier secrétaire. Il était aussi une mémoire des luttes des paysans du nord de la Martinique, conseiller général du Lorrain, il avait oeuvré avec force - avant d'autres - pour la baisse des prix des billets d'avion avec l'hexagone. Il avait publié en 2006 "La France et ses Dom : la grande imposture", un livre dans lequel il consacra une large place à l'histoire de sa Martinique.
Jean-Philippe Ludon
@jpludonrci.