Carême et sécheresse : le désespoir d'Esly, maraicher au Lorrain

Par 01/06/2023 - 12:20 • Mis à jour le 02/06/2023 - 05:42

Ces derniers mois ont été marqués par une chaleur accablante et de rares averses sur le territoire martiniquais. Les agriculteurs, à l'instar d'Esly Theus au Lorrain, souffrent des conséquences de cette sécheresse et de leur dépendance aux aléas du climat.

    Carême et sécheresse : le désespoir d'Esly, maraicher au Lorrain
Malgré de nombreuses plantations, Esly Theus n'a rien réussi à récolter à cause de la chaleur et du manque d'eau.

Avec 40 à 50% de pluies en moins cette années, la période du Carême a été particulièrement ressentie, de mars à fin mai. En première ligne, les agriculteurs, particulièrement touchés par la sécheresse, tentent tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau.

Esly Theus, maraicher et propriétaire d’un champ de 5 hectares sur la commune du Lorrain, n’a rien réussi à faire pousser depuis février, à part quelques bananes plantains.

Je n’ai même pas réussi à vendre 500 kg de bananes plantains à mon client. À cette période de l’année, je suis normalement à 3 ou 4 tonnes

Sur les cinq derniers mois, il explique avoir planté pas moins de 2000 pastèques, 2000 piments végétariens et 5000 pieds de dachines. En cette fin de mois de mai, sa plantation est encore vierge à cause de la chaleur accablante et du manque d’eau.

J’ai cru pouvoir en tiré quelques résultats, mais le soleil était tellement chaud qu’il a tout brulé

Terrain vierge au Lorrain
Terrain encore vierge au Lorrain

Un besoin de soutien

Face à la situation critique, la chambre d’agriculture et la DAAF (Direction de l' Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) sont rendus sur le terrain de l’agriculteur. Les constats faits n’ont pas été réjouissants, selon Esly Theus.

Les experts m’ont expliqué que j’ai perdu 50 000 euros en 2021 et 75 000 en 2022. Je m’attends à ce que ce soit pire en 2023

Dépendante du climat, la culture maraîchère nécessite de l’assiduité et de la patience. Il suffit d’une averse de pluie au mauvais moment ou d’un soleil trop pesant pour ruiner des mois de travail, et ce, sans réparation financière ou « matérielle », explique M. Theus.

Je ne sais plus quoi faire, car nous ne sommes pas soutenus en Martinique. En Guadeloupe, les agriculteurs ont reçu une compensation de la région pour leurs pertes sur les années 2021 et 2022. Ici nous n’avons pas reçu 5 centimes

Souvent seul à travailler sur son terrain, Esly Theus dit s’être déjà tourné vers les institutions pour recevoir de l’aide financière ou matérielle. Il serait systématiquement renvoyé à remplir une série de documents. Des démarches qui, en plus « d’être lentes à aboutir, ne mènent souvent à rien », soutient-il.

Quand j’ai vu que le soleil détruisait mes plantations, j’ai fait les démarches pour avoir accès au système de goutte à goutte ou à une citerne d’eau. Cela n’a pas été possible car il aurait fallu que je remplisse des papiers

Champs de bananes

Pour les prochains mois, Esly Theus espère recevoir des aides de la CTM ou de la Chambre d'Agriculture.

Nous sommes le peuple qui travaillons pour le peuple. J’espère que la CTM et que la Chambre des agriculteurs prendront leurs responsabilités et qu’ils feront le nécessaire pour dédommager les agriculteurs qui souffrent

A ECOUTER : Le témoignage d'Esly Theus au micro de Kathleen Joséphine

 

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