La grande inconnue autour des départs des médecins du CHU de la Martinique

Par 15/02/2022 - 14:18 • Mis à jour le 15/02/2022 - 16:50

Depuis plusieurs mois, les médecins du CHU de Martinique font part de leur mal être et nombreux sont ceux qui envisagent de quitter le territoire. Pour l'heure, il est difficile d'évaluer l'impact de ces départs sur le fonctionnement de l'hôpital.

    La grande inconnue autour des départs des médecins du CHU de la Martinique

Ce qui était des bruits de couloir depuis plusieurs mois se confirme petit à petit. De nombreux médecins, sans doute plusieurs dizaines ont fait part de leur volonté de quitter le CHU de la Martinique.

Plusieurs spécialités sont touchées : anesthésie, cardiologie, réanimation. Des spécialités vitales pour la population.

Hors micro, les praticiens avancent souvent comme explication la violence de la vague covid des grandes vacances au cours de laquelle ils ont assisté à des décès en très grand nombre mais aussi le climat social difficile qui perdure dans et autour du CHU.

Les associations des usagers découvrent quant à elle, jour après jour l’étendue du désert médical qui est en train d’être créé. Jeanne Emérante Defoi, est la présidente de France Asso Santé, un collectif qui regroupe une vingtaine d’associations d’usagers de la santé.

Nous sommes catastrophés. Il y aura une augmentation des pertes de chance. Nous en appelons à la solidarité et à la réflexion de tout un chacun. Nous nous attendions au départ de certains médecins parce qu'ils ont été vilipendés et molestés. Tous ceux qui ont participé à ce genre de chose devraient réfléchir aux conséquences qui deviennent catastrophiques

Au sein du CHU, on attend d'y voir plus clair. Le professeur François Roques est le président de la commission médicale du CHUM. Pour l'heure, il estime que sans données précises, il est difficile d'évaluer les conséquences de cette vague de départ annoncée depuis plusieurs semaines.

Les décisions des familles de médecins se prennent par rapport à la rentrée scolaire. On est en discussion avec un certain nombre de collègues qui effectivement souhaitent partir. Le problème c'est de se faire une idée entre les médecins qui partent et ceux qui arrivent. C'est le solde qui compte mais on n'a pas encore de chiffre. Tous les ans il y a 100 médecins qui arrivent et 100 qui partent. C'est dans l'histoire naturelle du CHU

Le professeur Roques distingue cependant des difficultés à venir

Il y a des disciplines qui sont un peu fragilisées. Il y a la réanimation, la réanimation de chirurgie cardiaque, la réanimation pédiatrique, les urgences. Ce sont des secteurs clés sur lesquels il faut qu'on mette l'accent particulièrement

S'il reconnaît que depuis 5 ou 10 ans, les difficultés financières pèsent sur l'attractivité du CHU de la Martinique, le professeur Roques mesure l'impact négatif de la crise du deuxième semestre 2021.

Le CHU a été un très bel outil dont tout le monde était fier. Aux difficultés financières récentes, il faut ajouter la crise covid avec un virus qui a créé un drame dans la société martiniquaise avec des centaines de morts. Les médecins ont eu du mal à comprendre le phénomène de la résistance vaccinale parce qu'ils savent que ça a fait peser un poids considérable sur la santé des Martiniquais et sur nos conditions d'exercice

La crise sociale avec des réactions de rejet et d'incompréhension n'a pas facilité les choses. Pour le président de la commission médicale du CHU, si il les difficultés qui s'annoncent sont énormes il faut chercher des raisons d'espérer.

D'abord, le covid commence à moins toucher l'hôpital. Hier, on a eu moins de patients covid que de patients non covid en réanimation. On a va s'en doute pouvoir recommencer à sortir. Cela va apaiser les tensions. Il va falloir tourner la page 

Le CHU à par ailleurs commencé a accueillir une vingtaine de médecins étrangers. L'accueil de ces nouveaux praticiens n'est pas forcément évident mais "c'est une piste en effet", a observé le professeur Roques. 

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