Pose d’une prothèse totale radio-ulnaire distale : une première nationale réalisée en Martinique

Par 08/04/2024 - 14:11

La première pose d’une prothèse totale radio-ulnaire distale s’est déroulée au CHUM (centre hospitalier universitaire de Martinique) au mois de mars. L’opération réalisée consiste à remplacer une partie des os du poignet qui permet notamment la rotation. Il s’agissait d’une première au niveau national.

    Pose d’une prothèse totale radio-ulnaire distale : une première nationale réalisée en Martinique
Photos : Erika Govindoorazoo

C’est donc le CHUM, l’hôpital public référent de la Caraïbe avec celui de Puerto Rico pour les urgences orthopédiques, qui a eu le privilège de procéder à la première pose d’une prothèse totale radio-ulnaire distale.

Une solution efficace

Cette opération du poignet est possible uniquement sur de jeunes patients. La pose de la prothèse américaine qui a été développée par le Dr Shecker à New York s’appelle APTIS pour totale radio-ulnaire distale. Il s’agit d’une prothèse en titane qui évite les rejets par le corps. Cette opération est une solution efficace pour des séquelles traumatiques graves qui empêchent de faire de gros efforts et de porter des charges importantes avec le poignet.

opération prothèse poignet

Deux opérations ont été réalisées en Martinique par le Dr Lucian Stratan, responsable service orthopédie du CHUM. Des opérations presque sans filet comme l’indique le Dr Stratan :

Quand on fait la première fois une technique dans un pays, on n'a personne de qui apprendre. Heureusement, l'inventeur de la prothèse, il a construit sa propre entreprise. Nous, on a adressé nos dossiers au docteur Shecker. Il nous a donné quelques indications, quelques conseils, il nous a donné les tailles exactes. Donc, on a eu un petit soutien intellectuel de la part de docteur Shecker lui-même. On a un peu peur quand on fait la première fois une opération en première.

Une opération qui vaut le coût

Les deux opérations qui durent entre 1h30 à 2 heures ont été un succès, même si le CHUM a dû faire face à des freins, notamment financiers.

C'est une prothèse assez chère. La paye que la Sécu fait auprès de l'hôpital pour la mise en place de cette prothèse couvre à peine un tiers des prix. Donc l'hôpital, pour chaque patient qu'on fait avec la prothèse APTIS, perd à peu près 10 000 €. Perte qui est supportée par l'hôpital. Mais d'un autre côté, ce sont des patients jeunes qui, si on ne les opère pas, ils sont en arrêt maladie continue, ils sont handicapés, ils sont payés par la Sécurité sociale sur des autres filières. Donc la mise en place de cette prothèse, même si le CHU perd peut-être une somme assez conséquente, on a la qualité de vie du patient, premièrement, et après, du point de vue social, il reprend son travail d'ici deux, trois mois. Heureusement, c'est très rare.

Les patients concernés ont souvent été victimes d’accident grave, détruisant une partie de l’articulation du poignet. Il y a 20 ans, c’est ce qu’a vécu l’un des patients qui a bénéficié de cette opération le 22 mars dernier. Philippe-François Eguienta, sapeur-pompier professionnel, était en intervention à Grande-Rivière au moment de son accident.

J’ai fait une chute sur une pierre, et depuis, j'ai eu une fracture. Ça s'est dégénéré. Ça fait 20 ans. C'est ma quatrième opération. Heureusement que le docteur Stantan a trouvé une solution pour que je n'aie plus de douleur parce que c'était atroce, avec des gonflements. En plus, chaque fois que le temps change, je ressentais la douleur. Pour le moment, c'est la douleur de l'opération. C'est encore frais. Je suis heureux d’avoir eu une technique nouvelle. Pour le moment, ça va, puisque je suis encadré par ma petite famille, heureusement.

Selon le Dr Stratan, près d’un patient par an en Martinique pourrait être concerné par ce type d’opération.

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