À la Valériane, la lutte contre l'obésité est un combat de tous les jours

Par 06/03/2024 - 18:13

Perdre du poids pour une personne obèse est une bataille de longue haleine. À la Valériane, les soignants s'appliquent à les aider dans cette lutte pour une meilleure santé.

    À la Valériane, la lutte contre l'obésité est un combat de tous les jours

L'obésité gagne du terrain en Martinique. Sédentarité, stress, mauvaise hygiène alimentaire, dérèglement hormonal ou encore la mauvaise gestion des émotions peuvent provoquer une consommation excessive de nourriture.

A Trinité, le centre de soins de suite et de réadaptation La Valériane accueille les patients en situation d’obésité avec un IMC de plus de 30 ou IMC supérieur à 25 avec une maladie associée de type hypertension ou de diabète.

Ils peuvent être reçus en parcours de perte de poids, durant 4 semaines consécutives, puis une fois par mois pendant un an, sur recommandation du médecin traitant.

Prendre conscience de son obésité

Solange, 65 ans, n'aurait jamais pensé être atteinte d'obésité. À 18 ans, du haut de son mètre 56, elle pesait 34 kilos. Ses grossesses successives lui ont fait prendre des rondeurs bienvenues à l'époque au regard de son gabarit. Pourtant, après son dernier accouchement et durant l'allaitement son poids continue de grimper sans contrôle. Sa balance affiche 20 kilos de plus au poids accumulé au cours des années de maternité.

Je grossissais. Plus elle buvait, plus je grossissais. Je n'arrivais pas à manger  correctement. Je n'avais que ça à faire, m'occuper de toute la famille et je ne m'occupais jamais de moi. Je suis arrivée à 87 kilos 

C'est son médecin qui l'alerte lors d'une visite médicale.

J'ai eu le covid et en arrivant à l'hôpital, sur mon dossier, le médecin a marqué un gros caractère en rouge que je suis obèse. Et c'est là qu'on m'a envoyé à la valériane. J'étais choquée parce que je me suis regardée. Je me suis dit que ce n'était pas possible

Françoise 52 ans, a quant à elle, souffert d'un dérèglement hormonal. Mesurant 1,64 mètre, elle grossit de 50 kilos en six mois pour atteindre 114 kilos.

C'est assez surprenant parce que d'une semaine à l'autre, les mêmes vêtements, on ne peut pas les mettre. Et puis on se dit que de toute façon ça va partir comme c'est arrivé. Et puis quand ça part pas, il faut se prendre en main. Mon médecin traitant m'a proposé un séjour à la valériane. Je lui ai dit que je n'en avais pas besoin. Et puis j'ai discuté avec d'autres personnes qui m'ont dit que c'était bien le séjour à la Valériane, donc je suis retournée voir mon médecin traitant qui m'a fait le dossier pour y entrer

Un accompagnement multi-facettes

Différents spécialistes accompagnent les patients afin de traiter la cause de leur prise de poids et ainsi leur permettre de sortir de cette situation.

Siham Naji est coordinatrice des unités de soins au soin de la clinique de La Valériane. Elle explique les raisons de la prise de poids allant jusqu’au stade de l’obésité, et la façon de traiter cette maladie.

L'obésité et on insiste bien là dessus, est une maladie chronique. Donc, comme toute maladie chronique, elle n'est pas uniquement liée à une problématique d'alimentation. C'est toute une approche systémique sur laquelle nous travaillons avec les patients. Et donc il faut bien prendre conscience que ça ne se fait pas juste en changeant quelque chose dans l'alimentation. Il faut revoir tout le mode de vie de la personne en incluant son sommeil, en incluant son niveau de stress, en incluant sa gestion des émotions, sa pratique sportive, son rapport à l'alimentation, sa gestion de l'alimentation et également le contenu de l'assiette. Donc c'est véritablement important de rappeler que l'obésité, c'est une maladie compliquée qui, si on ne la traite pas très rapidement, elle s'inscrit et elle devient difficile à éradiquer

Les enfants sont de plus en plus concernés 

De plus en plus, l’obésité touche les enfants, en raison du grignotage mais aussi la sédentarité qui s’installe, favorisée par l’addiction aux écrans. La Valériane accompagne également le jeune public de 7 à 17ans en impliquant les parents. Livie Régina-Lahoul, infirmière référente en Nutrition à la Valériane. Elle évoque cette problématique de santé publique chez le jeune public :

Les enfants sont reçus en hôpital de jour. On propose une prise en charge familiale parce que c'est important que les parents fassent partie intégrante du suivi puisque ce sont eux qui vont vraiment gérer l'alimentation, les courses. Il faut vraiment qu'il y ait une dynamique familiale pour qu'on puisse obtenir de bons résultats. On les accueille une semaine pendant les vacances scolaires, donc en juillet ou en août. Donc pendant cette semaine, ils vont participer à des ateliers autour de l'alimentation, autour de la pratique sportive. Ils auront un accompagnement avec la psychologue, un suivi médical également pour mettre en place les bases d'une bonne hygiène de vie. Il y aura des ateliers qui sont proposés aux parents et aux enfants dans le cadre de cette semaine. Après, on va les recevoir sur le site de la Valériane, une journée par vacances scolaires, toujours sous le format consultations et ateliers. Et puis entre les vacances scolaires, on les invite un samedi tous les deux mois donc à faire des sorties, donc hors site, pour explorer différentes activités sportives

Une aide médicamenteuse nouvelle

Dans le cadre de la journée de lutte contre l’obésité, la Valériane organisait cette semaine une soirée-conférence médicale au sujet de la prescription des nouveaux médicaments contre l’obésité.

Le docteur Marie-Elodie Jean-Charles Catan, médecin nutritionniste et diabétologue au CHU de Fort de France et médecin coordinateur au centre spécialisé obésité, explique ces traitements

Il y a des médicaments qui ont été développés initialement pour la prise en charge du diabète dont on s'est rendu compte qu'ils favorisaient la perte de poids. Ces médicaments ont été ensuite étudiés et développés dans le cadre de la prescription pour les patients atteints d'obésité, même sans diabète. Ce sont des médicaments destinés aux patients avec des obésités sévères, délivrés sur prescription médicale à l'heure actuelle, non remboursés et prescrits en association aux mesures diététiques, c'est à dire suivis diététiques et mise en place d'une activité physique régulière. Il faut savoir qu'il y a eu à l'échelle mondiale un énorme engouement de la population avec des détournements de médicaments, ce qui a induit pour l'instant une pénurie mondiale au niveau de ces traitements, avec du coup un risque d'impossibilité de prescrire les traitements pour les patients atteints de diabète, alors qu'initialement c'est pour ça que ça avait été développé. Si ces médicaments sont efficaces, il ne s'agit pas de baguette magique et qu'ils doivent être prescrits par un médecin en association aux mesures.

Selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Martinique de 2019, plus d’un adulte sur deux est en surpoids ou obèse.

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