Fonction publique : la hausse du point d'indice, embarras pour les uns, insuffisant pour les autres

Par 14/07/2022 - 17:20

Le 28 juin dernier, le gouvernement a annoncé une augmentation de 3,5 % du point d’indice des agents de la fonction publique.

    Fonction publique : la hausse du point d'indice, embarras pour les uns, insuffisant pour les autres
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Ce point était gelé depuis 2017, mais l’inflation et le manque d’attractivité de certaines professions ont poussé le chef de l’État à faire un geste, qui va donc concerner les 5,7 millions de fonctionnaires de la fonction publique d’État, hospitalière et territoriale...

Une décision soudaine et non concertée

Toutefois, pour les collectivités, cette annonce tombe mal car elles n’ont pas pu budgétiser cette hausse inattendue. David Zobda, le maire du Lamentin, évoque l’impact de l’application de cette hausse sur le budget de la ville.

On s'attendait évidemment à ce que ce point d'indice de la fonction publique territoriale soit relevé. Mais la manière avec laquelle les choses se sont faites nous interpelle beaucoup. Quand on gère des finances publiques, on a besoin de visibilité, de prévisionnels. Et il se trouve que le point d'indice a été relevé pour une application immédiate, ce qui plonge les collectivités dans de grandes difficultés d'équilibre budgétaire.

Une hausse applicable à partir du 1er juillet, ce qui implique effectivement que dès ce mois-ci, les salaires en seront affectés.

Chaque commune réalise ses prévisions budgétaires en début d'année. Pour beaucoup d'entre elles, qui n'ont pas de réserve en section de fonctionnement, ça va impacter terriblement la masse salariale et probablement les plonger dans des difficultés. Il leur faudra en effet trouver les moyens de compenser, sur les charges, l'eau, le téléphone, l’électricité ...

Certaines communes devront même certainement renoncer à faire certaines dépenses, comme l'entretien des routes. À titre d'exemple, pour le Lamentin, la hausse représente 1,5 million d'euros sur l'année. Et si ce ne sera évidemment pas identique partout, beaucoup de communes en Martinique, mais aussi plus généralement en Outremer, ont un taux de personnel très élevé, avec une masse salariale pouvant représenter de 60 à 75 % de la section de fonctionnement.

L'association des maires est déjà montée au créneau, car c'est la deuxième fois que le gouvernement prend une décision sans consulter nos représentants. La première fois, c'était pour la suppression de la taxe d’habitation. Et il faut rappeler que la dotation globale de fonctionnement qui est versée à toutes les communes, elle, stagne depuis très longtemps.

Une hausse toujours pas suffisante pour certains

Si cette augmentation de 3,5 % du salaire de la fonction publique est la plus importante depuis 37 ans, à la FSU Martinique, les agents considèrent que le gouvernement pouvait mieux faire. C'est ce qu'a confié Valérie Vertale Loriot, la co-secrétaire académique du Syndicat national des enseignements de second degré, au micro de Jean-Marc Pulvar :  

Ces douze dernières années, on n'a quasiment pas eu d'augmentation de la valeur du point d'indice. Avec François Hollande, on avait eu 1,2 % en deux fois. Là, on a 3,5  %. C'est un premier pas, mais quand on a 5, bientôt 7 % d'inflation, ce n'est pas suffisant. On a beaucoup perdu en termes de pouvoir d'achat dans la fonction publique, donc il s'agit de refonder toutes les grilles de rémunération.

Et Valérie Vertale Loriot de notamment prendre l'exemple du métier d'enseignant qui attire de moins en moins, notamment en raison de la rémunération, et à plus forte raison chez les professeurs des écoles en début de carrière.

Au-delà du fait d'avoir du mal à recruter, on a un problème supplémentaire en Martinique, c'est qu'on n'a pas de vivier pour remplacer les collègues qui sont absents ou assurer un professeur dans chaque classe pour certaines disciplines. Alors quand on voit aujourd'hui des néo titulaires qui n'arrivent pas à rentrer dans l'académie, alors même qu'il y a des postes et un réel besoin, on est en droit de se dire qu'il y a un sacré problème dans l'Éducation nationale, tant en termes de salaires que de recrutement.

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