Kévin, ancien prisonnier à Ducos : "un détenu reste quand même un homme"

Par 20/11/2017 - 10:51 • Mis à jour le 18/06/2019 - 14:15

Toute la semaine se déroulent les journées nationales des prisons (20-26 novembre 2017). C'est dans ce cadre que nous avons recueilli le témoignage de Kévin*, détenu durant 10 ans au centre pénitentiaire de Ducos.

    Kévin, ancien prisonnier à Ducos : "un détenu reste quand même un homme"

"Prison les oubliés de la société", c'est le thème retenu cette année pour les Journées nationales des Prisons.

Jusqu'à dimanche, partout en France les associations du milieu prison-justice sont invitées à organiser des événements à l'occasion des Journées Nationales Prison.

Hasard du calendrier ce rendez-vous annuel arrive peu après une vague de suicide au sein du centre pénitentiaire de Ducos.

Les conditions de vie, le suivi psychologique des détenus, l'accompagnement vers une réinsertion : voilà autant de questions qui se posent pour ces hommes et ces femmes qui sont actuellement privés de leur liberté.

Les ex-détenus sont rarement loquaces sur leurs années de détention. Kévin, emprisonné durant 10 années pour meurtre, est dans ce cas mais il a finalement accepté de raconter son parcours en détention. Il relate ses conditions de détention, son parcours de réinsertion et explique comment il a pris conscience de sa situation.

Au delà de son cas, Kévin regrette le manque de moyen mis en oeuvre pour la réinsertion des détenus à Ducos. "Il y a beaucoup de détenus qui se remettent en question, qui veulent avancer, qui veulent faire quelque chose de leur vie. Maintentant, je ne dirai pas qu'il n'y a pas de chance pour réussir mais les moyens mis à disposition des surveillants et des encadrants ne sont pas suffisants à Ducos. J'ai été à la prison de Lille et ça n'a rien à voir. Les détenus sont suivis de A à Z. Il n'y a pas un détenu qui est négligé et je trouve qu'à Ducos, je trouve qu'il y a beaucoup de négligence", raconte l'ancien détenu.

"Une chance de ne pas revenir"

Des accompagnateurs comme Eugénie Gradziella du centre de formation CARACOF interviennent en prison auprès des détenus. Selon leur choix professionnel, elle les accompagne jusqu'à leur sortie afin qu'ils trouvent des pistes de travail pour bâtir leur avenir.

"Ils sont demandeurs mais sans le savoir. Il faut les motiver, trouver des astuces pour les intéresser. Pour ceux qui veulent vraiment s'en sortir, ils savent qu'ils doivent accueillir certaines connaissances et apprendre un métier. C'est pour leur donner une chance de ne pas revenir. c'est dur de leur faire comprendre. Mais ça dépend de la motivation et du temps qu'ils ont passé en prison. Certains sortent et se créent une famille. Ils ont moins envie de revenir. D'autres trouvent plein de motif pour ne pas sortir de cet engrenage. Je pense qu'il faudrait vraiment une plateforme pour les accompagner durant 3 à 6 mois après leur sortie", explique Eugénie Gradziella.

Pour rappel, près de 1000 personnes sont détenues au centre pénitentiaire de Ducos, soit le double de la capacité de la seule prison de Martinique.

*la voix et le prénom ont été modifiés.