L’orientation sexuelle des jeunes en Martinique, un sujet encore tabou ?
C’est le dossier du jour de la rédaction, la question de l’orientation sexuelle chez les jeunes martiniquais semble s’ouvrir de plus en plus. Il y a plus de débats, d’échanges et de discussions sur le sujet. Qu’en est-il réellement ?
La notion de LGBTQIA+ parle à de plus en plus aux jeunes. Il s’agit des lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer, intersexe et asexuel. Ces notions d’orientations sexuelles et les façons de penser semblent avoir évoluées. Le cadre législatif a évolué en France ces dernières années, notamment avec la loi du mariage pour tous. Un autre facteur de cette évolution : les réseaux sociaux. Ces derniers auraient permis de voir les choses d’une autre manière. Mais il ne faut pas non plus surestimer cette évolution, la question de l’orientation sexuelle reste un sujet tabou dans certaines sphères aux Antilles.
Qu’en pensent les jeunes ?
À ce propos, Louise Viatgé a tendu son micro à des lycéens qui ont livré leurs sentiments sur la question :
En Martinique, preuve de l’évolution des choses, l’association Kap Caraïbe, qui a pour but de lutter contre les phobies envers les lesbiennes, gays, bisexuels et trans de l’île remarque lors de ses interventions en milieu scolaire que lorsque la question de l’orientation sexuelle est abordée, les jeunes se décrivent comme « pan sexuel ». C’est-à-dire être attiré par quelqu’un en fonction de ses valeurs, ses principes, sa personnalité, sa façon de voir les choses et non pas en fonction de son sexe ou de son identité de genre.
Des influences historiques et géographiques
Toutefois, il reste encore beaucoup d’agressions et de violences notamment homophobes dans les collèges et les lycées.
Comment l’expliquer ? Brice Armien-Doudré, coprésident de Kap Caraïbe, livre son analyse :
La France est un exemple en termes de développement, d'évolution des droits humains, en tout cas sur la question LGBT. Mais autour de nous, nous avons des îles qui ont des lois pénalisant l'homosexualité allant de peine de prison à la peine de mort. Ce sont des îles pourtant qui font partie du Commonwealth, mais au moment où le Royaume-Uni a fait évoluer sa législation, tous les pays n'ont pas fait évoluer leur législation. Donc elles ont encore une législation qui date d'Henri VIII.
La Martinique garderait donc cette influence du bassin caribéen :
Ce n'est pas le cas du Canada et de l'Australie par exemple. Il y a aussi cette différence avec la France hexagonale, et même en Amérique latine aussi, c'est très compliqué encore. Il y a aussi le poids de la religion qui est quand même plus important qu'en métropole, et tout cela c'est au-delà du sexisme et du patriarcat qui est très présent aussi en France hexagonale.
Tout cela est exacerbé en Martinique, donc ça vous donne un petit peu une image de la difficulté qu'on a à déconstruire tout ça.
Selon Kap Caraïbe, entre 2020 et 2022, il y a eu quatre agressions physiques, dont deux, avec armes en Martinique.
