Une réforme de la police qui ne convainc pas en Martinique

Par 05/09/2022 - 14:39 • Mis à jour le 05/09/2022 - 16:54

Le projet de réforme de la police nationale porté par le ministre Gérald Darmanin suscite une vague d’inquiétudes chez les fonctionnaires de police, notamment chez les membres de la police judiciaire (PJ).

    Une réforme de la police qui ne convainc pas en Martinique
Photo d'illustration

Le projet, qui devrait rentrer en vigueur en 2023, est déjà testé depuis plusieurs mois sur certains territoires, dont la Martinique. Il consiste en la fusion des forces de police, PJ, PAF (Police Aux Frontières), OCERTIS (lutte antidrogue), BAC, et autres, au sein d’une seule entité : la DTPN, Direction Territoriale Police Nationale.

9 mois après sa mise en place, cette restructuration ne fait toutefois pas l’unanimité. Pour la Procureure de la République notamment, Clarisse Taron, elle fait peser des craintes sur les effectifs de la Police Judiciaire susceptibles d'être à terme détournés de leurs tâches premières.

Aujourd'hui, on ne prend pas un fonctionnaire de la PJ pour aller écluser les procédures de délit de fuite en retard, certes, mais qu'est ce qui empêche de le faire dans deux ans ? Dans trois ans ? Cinq ans ? Rien. Donc cette crainte, si elle n'est pas encore actuelle, elle est réelle à moyen terme.

Par ailleurs, cette nouvelle organisation a déjà conduit à des situations "compliquées", selon Clarisse Taron.

Un meurtre est commis un vendredi après-midi, à Fort-de-France. Le parquet saisit les investigations spécialisées, ex PJ, mais la personne la plus gradée sur place peut être quelqu'un anciennement attaché à la Police Aux frontières. Nous avons eu le cas à deux reprises où le fonctionnaire de police censé diriger le dispositif est quelqu'un qui n'a aucune expérience du judiciaire ni des procédures criminelles. Ça a pu poser des difficultés sur ces premiers jours d'enquête, parce que dans une affaire criminelle, il ne faut pas se louper au début, au moment des premières constatations.

Au niveau national, l'Association Nationale de la Police Judiciaire (ANPJ) a été créée en août dernier pour fédérer les policiers inquiets de la réforme. Une réunion a été organisée jeudi dernier, 1er septembre, Place Beauvau, entre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux, et les directeurs zonaux et territoriaux de la police judiciaire (PJ). Un nouveau rendez-vous est programmé dans un mois, selon un communiqué de l'ANPJ.

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