Air Antilles: liquidation probable, quelles conséquences sur les prix et la desserte ?

Par 01/08/2023 - 06:11 • Mis à jour le 01/08/2023 - 07:44

Le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre examine la situation d'Air Antilles et Air Guyane ce mercredi (2 août). L'enlisement du conflit fait planer le spectre de la liquidation et craindre l'enclavement de nos îles caribéennes ainsi que la flambée des prix des liaisons entre elles.

    Air Antilles: liquidation probable, quelles conséquences sur les prix et la desserte ?
Air Antilles @Rodolphe Lamy

Les pilotes grévistes des deux filiales de la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire), Air Antilles et Air Guyane, réclament depuis le 14 juillet les revalorisations salariales accordées à l'issue d'un conflit précédent, en décembre dernier, et qui selon eux n'ont pas été honorées.

Le PDG du groupe, Eric Koury, oppose à ces exigences l'endettement de l'entreprise. Il a déposé auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre une demande de mise en cessation de paiement et en liquidation judiciaire de l'entreprise qui sera examinée demain.

Deux semaines après le début de la grève des pilotes d'Air Antilles, aucun accord n’a pour l’heure été trouvé. Les personnels navigants commerciaux ont également entamé un mouvement de grève le 27 juillet dernier.

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Une quatrième réunion de médiation doit se tenir aujourd’hui (mardi 1er Août 2023).

Des passagers en difficulté

Cette grève, démarrée durant les grandes vacances, laisse de nombreux voyageurs sans solution dans les îles caribéennes, que la compagnie relie depuis la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane.

Un hélicoptère a dû être être affrété pour desservir certaines communes guyanaises isolées, selon la chaîne Guyane la Première.

Air Antilles, la plus importante des deux filiales, est la seule compagnie aérienne à desservir les îles caribéennes non françaises depuis la Guadeloupe et la Martinique. 

Elle est la tête de pont de l'alliance CaribSky, financée par des fonds européens. Mais ce partenariat bat de l'aile depuis qu'une autre compagnie, la Liat, a fermé ses portes en 2020 et que Winair, troisième acteur de CaribSky, a également connu des difficultés après la pandémie de Covid-19.

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En 2020, avec d'autres collectivités d'outre-mer, la Région Guadeloupe avait participé au sauvetage financier de la compagnie Corsair, qui dessert plusieurs départements ultramarins depuis Paris.

300 emplois et des tarifs en jeu

Cette fois, le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, estime qu'il ne faut pas "toujours penser aux collectivités (...) pour injecter de l'argent" dans une entreprise "privée". Il souligne cependant avoir "entamé depuis quelques mois des échanges avec les Etats membres de l'Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO) sur l'avenir de l'aérien au niveau régional".

"Tout doit être fait pour préserver les 300 emplois qui sont en jeu", fait valoir de son côté le sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel (PS), qui espère voir "créer à terme une nouvelle compagnie aérienne caribéenne".

Car la chute d'Air Antilles et d'Air Guyane ferait drastiquement augmenter les prix des billets en réduisant le nombre d'acteurs, y compris sur la desserte des territoires français, selon plusieurs sources politiques et économiques.

Or les prix sont déjà élevés, à la suite d'une entente sur des "hausses de tarifs, de baisse d'offre et sa répartition" entre plusieurs compagnies relevée en mars par l'Autorité de la concurrence dans un communiqué.

Depuis le 26 juillet, une médiation entre la direction et le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a lieu sous l'égide des services de l'Etat. Mais les négociations avancent peu.

"Nous sommes à un niveau plancher de nos revendications, nous ne pouvons pas descendre plus bas", explique à l'AFP Brieuc Hardy, du SNPL, qui réclame environ 15% d'augmentation de rémunérations qui sont, selon son syndicat, "parmi les plus basses du marché".

Une telle demande serait "insupportable pour l'entreprise", rétorque le PDG de la compagnie, déjà endettée en raison des aides d'Etat perçues durant la pandémie. Des difficultés économiques contestées par les syndicats.

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