8,3 tonnes de cocaïne saisies en 9 jours par la Marine Nationale aux Antilles

Par 02/03/2024 - 12:31 • Mis à jour le 04/03/2024 - 00:05

Les navires de la Marine Nationale n'ont pas chômé durant le mois de février. Lors de quatre opérations distinctes, ils ont mis la main sur plus de 8 tonnes de poudre blanche d'une valeur estimée à 500 millions d'euros à la revente au détail.

    8,3 tonnes de cocaïne saisies en 9 jours par la Marine Nationale aux Antilles

Mauvais temps pour les trafiquants de cocaïne. 8,3 tonnes de poudre blanche ont été retirées de la circulation en 9 jours. La dernière opération en date a été menée le 29 février 2024. Une yole transportant 1 tonne de drogue a été arraisonnée au large de la Dominique par le patrouilleur La Combattante.

Les trois individus qui se trouvaient à bord et la cargaison ont été remis à l'OFAST à Fort-de-France. Les trafiquants sont en garde à vue et les auditions sont toujours en cours. Ils seront présentés dans les jours à venir au parquet de Fort-de-France puis à un magistrat instructeur.

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La série de saisies a débuté le 20 février dernier à 2000 kilomètres de la Martinique en plein océan Atlantique. En transit entre l'Afrique de l'Ouest et le Brésil, la frégate de surveillance Germinal a été mobilisée pour arraisonner l'Albatros, un navire battant pavillon panaméen.

Le capitaine Mathieu, commandant du Germinal, raconte cette opération :

La première opération a été menée sur un navire de pêche qui n'était pas du tout équipé pour de la pêche. Il était en direction de l'Afrique de l'Ouest. Quatre personnes se trouvaient à bord. Au petit matin, nous avons mené un raid avec nos embarcations et l'appui de l'hélicoptère qui est à bord du Germinal. L'idée c'est d'avoir un effet un peu fulgurant. Ce qu'on craint le plus c'est qu'ils rejettent à la mer des ballots de cocaïne. La cargaison avait été récupérée peu de temps avant et était mal entreposée. Ils n'étaient pas en mesure de remettre 137 ballots à la mer

Trois tonnes de stupéfiants ont été retrouvées à bord de l'embarcation. Un Sud-Africain, deux Britanniques et un homme ayant la double nationalité allemand et russe ont été placés sous un statut proche de la garde à vue par les marins.

Ces derniers ont eu peu de répit puisque leur seconde intervention s'est déroulée 48 heures plus tard quelques centaines de kilomètres au nord. Cette fois-ci, c'est le Rodimar qui était leur cible, un navire de pêche vénézuélien.

La deuxième intervention a été assez similaire. Par concours de circonstance, sur un plan géographique, on n'était pas très loin. On a pu intervenir sur ce bateau qui était chargé d'un peu plus de 3 tonnes. Il s'agissait un plus petit navire de pêche en bois à bord duquel se trouvaient 6 personnes

Le Vénézuéla ayant fait valoir sa compétence juridictionnelle, ses 6 ressortissants et la cocaïne ont été transférés en mer le 25 février aux autorités vénézuéliennes. La drogue a été détruite en présence de l'attaché de sécurité intérieure de l'ambassade de France.

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Alors que le Germinal faisait route vers la Martinique, ce sont les hommes du patrouilleur la Combattante qui sont entrés en action.

Toujours sur la base d'informations fournies par le Maritime Analysis and Operations Centre - Narcotics (MAOC-N) en lien notamment avec les échelons centraux de l'office anti-stupéfiants (OFAST) et de la Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières (DNRED), la Drug Enforcement Agency (DEA) et la National Crime Agency (NCA), les marins ont intercepté un voilier naviguant sous le pavillon de Jersey.

À son bord, quatre personnes dont une femme. Ces individus de nationalité espagnole et colombienne transportaient 1,1 tonne de cocaïne. Ils ont eux aussi été ramenés à Fort-de-France avec la marchandise. Après avoir été entendus par l'OFAST, ils ont été remis à la justice.

Clarisse Taron, procureure de la République de Fort-de-France, précise les suites judiciaires de l'affaire

Deux procédures ont déjà donné lieu à des déferrements. Ces huit individus ont été mis en examen pour infraction à la législation sur les stupéfiants en bande organisée. Ils ont été placée en détention provisoire et le juge d'instruction va poursuivre les investigations. Cela veut dire : essayer d’identifier précisément l'origine du trafic et la destination des produits stupéfiants. Ce qui est intéressant, c'est d'identifier les filières

Ces affaires sont instruites par la juridiction inter-régionale spécialisée de Fort-de-France (JIRS). Les trafiquants présumés, dont certains ont assuré dans leurs auditions ne pas être au courant de la nature de la marchandise à bord, risquent 30 ans de prison et 7,5 millions d'euros d'amende.

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Selon la justice, la valeur de la marchandise saisie est évaluée à 500 millions d'euros à la revente en Europe.

Pour le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, ces opérations menées sous l'autorité de l'Action de l'Etat en Mer, démontrent un renforcement des capacités de lutte contre le trafic de stupéfiants à grande échelle :

On peut avoir la faiblesse de penser face à ces saisies exceptionnelles que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg tant la quantité de stupéfiants qui circulent dans les eaux est importante mais c'est aussi le résultat d'une amélioration et d'une montée en puissance des techniques de travail et d'investigation par l'OFAST en lien avec la DNRED

Le représentant de l'Etat en Martinique a listé les renforcements de moyens à venir. Ainsi, deux radars côtiers seront bien installés en Martinique au début de l'année 2025. Selon le préfet, les emplacements sont déjà choisis et les travaux ont débuté. 

Les capacités d'investigation de l'OFAST ont été renforcées, l'installation d'une brigade nautique à Saint-Pierre doit être conduite au cours de cette année, la police aux frontières sera dotée d'un patrouilleur. Un mode d'action commun de toutes les unités nautiques sera développé, elles seront formées par les commandos de la Marine.

Par ailleurs, les douanes seront dotées d'un nouvel hélicoptère équipé d'une caméra à vision nocturne. De plus, un drone à long rayon d'action est en cours d'acquisition pour la surveillance des côtes.

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