Olivier Dubois, ex-otage au Mali : « on m’a volé deux ans de ma vie »

Par 15/08/2023 - 10:40 • Mis à jour le 15/08/2023 - 15:02

Le journaliste martiniquais, libéré le 21 mars dernier, se confie à France-Info, dans le podcast « Ils ont fait l’actu » du lundi 14 août.

    Olivier Dubois, ex-otage au Mali : « on m’a volé deux ans de ma vie »
Olivier Dubois a été libéré le 21 mars dernier.

Quelques mois après sa libération, il l’avoue, son corps et sa tête sont encore dans le nord du Mali. « Et ils le seront encore longtemps », assure le journaliste qui n’a pas encore repris ses activités.

Dans le podcast de France-Info « Ils ont fait l'actu », Olivier Dubois se confie pendant un peu plus de 5 minutes, ce lundi 14 août, sur sa captivité, sa libération et la vie quelques mois après.

Après une tournée des remerciements, il a pris des vacances et réapprend à vivre au quotidien. « Les deux premiers mois ont été difficiles, j’avais l’habitude de dormir dans le désert, au sol, sans technologie autour de moi, sans voir ma famille… Ça a mis du temps mais je crois que je commence à reprendre mes repères depuis mi-juin. J’ai quand même été 26 ans à Paris, mais c’est assez déboussolant », reconnaît-il.

Suivi psychologiquement, entouré, il « veut faire de ça une expérience, des souvenirs mais pas des blessures à porter ».

« Se lever, un combat de tous les jours en captivité »

Mais, pas facile de se remettre aussi vite, après 711 jours de captivité. Olivier Dubois est enlevé le 8 avril 2021 à Gao, près de la capitale malienne, Bamako, par l'alliance jihadiste du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), filiale d'Al-Qaïda au Sahel. « Se lever, c’est un combat de tous les jours en captivité, on se met en mode survie », décrit-il.

« On m’a volé deux ans de ma vie. Mon but, c’est de revenir rapidement et d’être rapidement sur pied. J’ai une famille, des enfants, des projets. Je ne veux pas être impacté des années encore après la captivité ».

Il garde des souvenirs marquants comme ce jour où les moudjahidines ont décidé d’utiliser un RPG-7, un lance-missiles.  « Nous étions en pleine nature. Les moudjahidines devaient s’ennuyer et quand ils s’ennuient ils tirent à la kalachnikov. Là, l’un d’eux a eu l’idée de tirer au RPG-7. Je me souviens juste d’une grande explosion, tout était noir, il y avait la fumée. J’ai eu comme une vision de fin du monde, c’était surréaliste ».

« Je me suis évadé avec la radio »

Olivier Dubois se rappelle aussi de l’arrivée de la radio, en octobre 2021, sept mois après le début de sa captivité. « Ça a été un lien essentiel, avec ma famille, avec le monde, l’information. Je suis journaliste mais je n’écoutais pas la radio. Je l’ai découverte en captivité, c’est un formidable média. Je me suis évadé avec des émissions, la voix d’un présentateur, le reportage d’un journaliste… ».

Il accepte aussi de revenir sur les conditions de son enlèvement et la préparation de cet entretien avec un chef du GSIM), Abdallah Ag Albakaye. « À l’époque, au Mali, pour la moindre sortie, tout était rouge. Moi, j’avais l’habitude de sortir et ça c’était toujours bien passé. Mais, évidemment, quand ça se passe mal, c’est toujours plus regrettable. Y’a eu une erreur de ma part, sans doute un excès de confiance, il y avait des signaux que j’aurais pu voir et que je vois avec le recul mais, sur le coup, ça me semble cohérent, solide, donc j’y vais… ».

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