Mike Maignan victime de racisme, le monde du football s'indigne

Par 21/01/2024 - 09:36

Cibles d’injures racistes lors d’un match de Championnat d’Italie ce samedi 20 janvier, Mike Maignan, gardien de but français de l’AC Milan, a estimé que "tout un système (devait) prendre ses responsabilités".

    Mike Maignan victime de racisme, le monde du football s'indigne
Photo : réseaux sociaux

"Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. On a fait des communiqués, des campagnes de publicité, des protocoles et rien n'a changé", a-t-il écrit sur son compte X (ex-Twitter) le gardien de but de l’AC Milan Mike Maignan.

Samedi soir, lors du match comptant pour la 21e journée du Championnat d'Italie, des spectateurs ont proféré des cris de singe et insultes racistes en direction de Maignan.

Aujourd'hui, c'est tout un système qui doit prendre ses responsabilités. Les auteurs de ces actes, parce que c'est facile d'agir en groupe, dans l'anonymat d'une tribune. Les spectateurs qui étaient dans la tribune, qui ont tout vu, qui ont tout entendu mais qui ont choisi de se taire, vous êtes complices, a-t-il dénoncé.

Après avoir alerté l'arbitre de la rencontre, il a quitté le terrain, imité par ses coéquipiers, avant de reprendre le match cinq minutes plus tard. L'AC Milan a remporté le match 3 à 2 et a consolidé sa 3e place au classement de la Serie A. "Aujourd'hui, c'est tout un système qui doit prendre ses responsabilités. Les auteurs de ces actes, parce que c'est facile d'agir en groupe, dans l'anonymat d'une tribune. Les spectateurs qui étaient dans la tribune, qui ont tout vu, qui ont tout entendu, mais qui ont choisi de se taire, vous êtes complices", a-t-il dénoncé.

Le club d'Udinese, qui a seulement parlé d'une interruption de match, comme si de rien n'était, vous êtes complices. Les instances et le procureur, avec tout ce qu'il se passe, si vous ne faites rien, VOUS SEREZ VOUS AUSSI COMPLICES, poursuit-il.

La Fédération italienne de football devrait se prononcer dès ce mardi à propos de la sanction infligée à l'Udinese, sanction qui peut aller de l'amende jusqu'à une suspension du stade pour un ou plusieurs matches.

"Trop c'est trop": à l'unisson du capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé, le monde du football condamne dimanche les injures racistes dont a été victime Mike Maignan samedi durant ce match.

"Tu as tout notre soutien Mike Maignan", a ajouté la Fédération française de football sur le compte X de l'équipe de France, alors que Marcus Thuram et Antoine Griezmann avaient dès samedi soir apporté leur soutien à leur coéquipier.

Ce n'est pas la première fois que Maignan est la cible d'injures racistes venues des tribunes depuis qu'il a rejoint l'AC Milan en 2021.

Le gardien de Bleus avait par le passé déjà dénoncé le comportement de tifosi de la Juve en septembre 2021, puis de ceux de Cagliari en mars 2022, mais ce qui s'est passé au Bluenergy Stadium "n'a pas sa place dans un stade", a-t-il martelé après la rencontre.

"Le problème est culturel" 

Les réactions ne se sont pas limitées à ses coéquipiers et à la France, où la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé a décrit Maignan comme "le visage de la dignité".

D'autres clubs de série A ont apporté leur soutien au gardien français comme le grand rival, l'Inter: "Nous sommes frères, contre toute forme de discrimination et à tes côtés". 

"Il n'y a pas de place pour le racisme dans le football, nous soutenons Maignan et condamnons avec fermeté ce qu'il s'est passé à Udine", a souligné de son côté le président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina, qui a salué la décision de l'arbitre d'interrompre le match.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a lui appelé à bannir de tous les stades les auteurs d'insultes racistes, ainsi qu'à instaurer une sanction "forfait automatique" pour les clubs dont les fans commettent ces méfaits.

Alors qu'elle est régulièrement confrontée au fléau du racisme dans les stades, comme l'ont vécu l'Ivoirien Marc-André Zoro en 2005, le Ghanéen Kevin-Prince Boateng en 2013 ou cette saison le Belge Romelu Lukaku, l'Italie est encore loin d'une telle fermeté.

La Fiorentina a ainsi été sanctionnée en novembre d'un match à huis clos avec sursis pour des chants racistes de ses supporters. 

"Comment est-ce possible qu'en 2024 on entende encore des chants racistes dans un stade ? Le problème selon moi est culturel: je ne suis plus surpris, car dans ce pays l'ignorance triomphe et le racisme a toujours été de pair avec l'ignorance", a accusé Arrigo Sacchi, l'ancien sélectionneur italien dans une tribune publiée par la Gazzetta dello Sport qui titre en Une sur "La honte d'Udine".

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