Les agriculteurs dans la rue en France, soutien en Guadeloupe sans mobilisation

Par 23/01/2024 - 10:42 • Mis à jour le 23/01/2024 - 11:53

Depuis jeudi dernier (18 janvier), les agriculteurs font entendre leur colère, face aux charges et législations qui ne leur permettent plus de s’en sortir. En Guadeloupe, la profession partage la majeure partie des revendications mais n’envisagent pas de mobilisation.

    Les agriculteurs dans la rue en France, soutien en Guadeloupe sans mobilisation
Photo d'illustration

Dans l'Hexagone, la colère des agriculteurs ne faiblit pas : autoroute bloquée dans le sud-ouest, accès à une centrale nucléaire entravé, défilés de tracteurs…

Depuis jeudi dernier, la profession exprime son mécontement. À l'origine, plusieurs revendications : baisse de leurs revenus, augmentation de l'énergie, charges financières jugées trop lourdes ou encore dénonciation du pacte vert de l'Union européenne visant à réduire de moitié d'ici 2030 l'utilisation des produits phytosanitaires.

En Guadeloupe, cette mobilisation n'a pas fait tâche d'huile.

Pas de copié-collé en Guadeloupe 

À l'UPG (Union des Producteurs de la Guadeloupe), Alex Bandou, le secrétaire général, explique observer mais n’avoir pas prévu, pour le moment, de duppliquer le mouvement sur le plan local.

Au niveau de l’UPG, nous n’avons pas l’habitude de faire de copié-collé pour entrer dans un combat. Pour l’instant, vu la façon dont il est mené, je pense que c’est noble, je pense que nous partageons le fond, peut-être pas la méthode. Mais nous sommes face à la même concurrence déloyale car il y a des accords au niveau de l’Europe. On va attendre pour voir ce que ça donne au niveau européen. Nous subissons, comme eux, la concurrence de la mondialisation mais nous subissons aussi la concurrence liée à la production française elle-même, ne serait-ce que sur la viande bovine ou la volaille. Donc on ne peut pas systématiquement s’associer, on observe d’abord 

Bien qu’ils n’envisagent pas de mobilisation, sur le fond, les agriculteurs guadeloupéens partagent leurs revendications nationales et dénoncent des mesures qui ont eu un impact très négatif sur le secteur.

Depuis le gouvernement de M. Sarkozy, nous avons eu à vivre le Grenelle 1 et 2, il s’agissait de faire disparaître un certain nombre de molécules dans l’agriculture française et guadeloupéenne par ricochet. Ce qui est une très bonne chose en soi. Sauf que la production propre que nous arrivons à produire ici en Guadeloupe est mise en concurrence avec toutes les productions qui nous viennent de la région Caraïbe. Ils n’ont pas les mêmes contraintes normatives que nous. Les molécules qui, jadis, étaient utilisées en Guadeloupe et qui ne le sont plus sont utilisées dans la Grande Caraïbe. C’est en cela que je parle d’hypocrisie. Au moins 3 éléments n’ont pas été pris en compte suffisamment : les contraintes normatives, les contrainte sociale et la capacité de sa battre sur les marchés mondiaux avec les mêmes armes 

Le gouvernement veut « aller vite »

Ce mardi matin, confronté à la grogne nationale, Gabriel Attal a annoncé qu’il recevra la Coordination rurale ce mardi soir, puis la Confédération paysanne mercredi matin, ont indiqué les 2e et 3e syndicats agricoles français, regrettant que le Premier ministre n'ait dans un premier temps reçu que la puissante FNSEA et le mouvement des Jeunes agriculteurs.

Le gouvernement a déjà accueilli les syndicats majoritaires hier, sans annonce à la sortie. M. Rousseau a dit attendre du Premier ministre et de son équipe des déclarations « qui fassent bouger les lignes sensiblement », évoquant une remise immédiate sur le gazole pour les tracteurs.

M. Attal veut « aller vite », « dans la semaine », a affirmé dans la foulée le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.

Premier syndicat agricole français, la FNSEA, a remporté ces dernières années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais les agriculteurs se plaignent de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien leur vie.

Les agriculteurs continuent donc de multiplier les actions ce mardi, avec de nouveaux blocages d'autoroutes, un mouvement endeuillé par la mort d'une exploitante dans l'Ariège, renversée par une voiture qui a foncé sur un barrage de manière non intentionnelle, selon les premiers éléments de l'enquête.

Une agricultrice décédée sur un barrage

Le Premier ministre Gabriel Attal a exprimé sa « peine » et assuré que la « nation est bouleversée et solidaire », sur le réseau X.

Les victimes - une agricultrice de 35 ans, son conjoint de 40 et leur fille de 14 ans, selon le préfet - ont été renversées mardi entre 5h30 et 6h sur un barrage routier d'agriculteurs à Pamiers.

Parmi les multiples revendications entendues : des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole pour les tracteurs ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les produits agricoles.

Le gouvernement craint un embrasement. Des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le « Pacte vert » européen.  

Mardi, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles.

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