Le syndrome de diogène, ou l’accumulation compulsive, une réalité en Martinique

Par 01/03/2024 - 05:53 • Mis à jour le 01/03/2024 - 05:54

De plus en plus de Martiniquais seraient atteints de ce syndrome, dont l’une des formes extrêmes, est l’impossibilité pour les personnes de jeter leurs effets personnels ou leurs déchets. Le docteur Jean-Claude Monfort, neurologue-psychiatre-gériatre, animait une conférence hier (29 février).

    Le syndrome de diogène, ou l’accumulation compulsive, une réalité en Martinique
Conférence sur le syndrome de diogène.

Plus de 270 personnes ont participé hier (jeudi 29 février) à la conférence sur le syndrome de Diogène à l’hôtel Batelière à Schoelcher. Un événement organisé par le DAC, le dispositif d’appui à la coordination santé Martinique.

Médecins, infirmiers, mandataire judiciaire ou encore structure d’hébergement ont pu échanger tout au long de la journée sur ce trouble du comportement qui conduit à des conditions de vie négligées, voire insalubres.

L’une des formes extrêmes de ce syndrome c’est l’accumulation compulsive. La conférence était animée par le docteur Jean-Claude Monfort, neurologue-psychiatre-gériatre, invité de la rédaction ce jeudi 29 février.

Jean-Claude Monfort

Un dispositif d'accompagnement

Elodie Thiant, infirmière libérale sur le secteur de Schoelcher, a 3 patients qui souffre de ce syndrome de diogène.

Visuellement déjà, cela se manifeste par l’état de la maison, l’encombrement des déchets, de l’électroménager, de la vétusté de la maison. Le patient en lui-même est en état de dépression, de mauvaise hygiène alimentaire et corporelle. Notre première réaction était de se tourner vers les services sociaux de la mairie. Entre-temps, nous avons eu le DAC qui s’est installé et qui proposait un service. On a rempli une fiche et, ensuite, nous avons été en contact avec une coordinatrice qui a mis le dossier en commission. Même si le Covid a ralenti les choses, cette personne a été prise en charge par le dispositif DAC 

Danielle Berfroi-Doubet, mandataire judiciaire, a de plus en plus de dossiers qui concernent des personnes souffrant de ce syndrome de diogène. Actuellement, elle en traite environ six, qui concernent surtout des personnes âgées et des femmes.

On a un inspecteur des impôts, un proviseur de lycée, des personnalités… Et moi, je me dis peut-être que la peur de manquer, la peur du lendemain, on cumule, on cumule… On va faire plein de courses. La maison devient invivable, avec toutes les bestioles que l’on connaît. Même les poubelles ne sont pas jetées. Je n’arrive pas à comprendre et je suis venue ici aujourd’hui pour faire mon analyse personnelle par rapport à ce que dit le professeur Montfort 

L’association pour le logement social est un satellite des 3 bailleurs sociaux de Martinique et intervient à leur demande pour des défauts d’entretien qui s’avèrent être parfois des syndromes de diogène.

Barbara Brédier, sa directrice, note, elle aussi, une augmentation du phénomène.

Nous avons en effet une hausse dans notre file active. Parfois, ce sont des objets dits « propres » : des bouteilles en plastique, des télés… Et d’autres fois, ce sont des objets en décomposition, des animaux morts. On a déjà retrouvé une quinzaine de chats morts dans un T1. Ce sont des choses qu’ils n’arrivent pas à se défaire et, malgré toute leur bonne volonté parfois, le simple fait d’évoquer la question du vidage du domicile ou du désencombrement les met dans une détresse absolue. On prend le temps de la mise en relation, de la relation de confiance pour amener la personne vers le soin. En réalité, au-delà de la question physique, il y a surtout une personne en grande difficulté et qui a développé ce syndrome du fait d’autres problèmes psy 

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