Haïti : « la pire situation depuis des décennies » (Unicef)

Par 18/03/2024 - 06:41

La situation en Haïti est « horrible » et « presque sortie d'une scène de “Mad Max” », film qui dépeint un futur post-apocalyptique, a affirmé hier (dimanche 17 mars) la directrice exécutive de l'Unicef, au moment où le pays est confronté à la violence des gangs.

    Haïti : « la pire situation depuis des décennies » (Unicef)
Les gangs contrôlent des pans entiers d'Haïti.

« Beaucoup, beaucoup, de personnes souffrent gravement de la faim et de la malnutrition, et nous ne parvenons pas à leur apporter suffisamment d'aide », indique Catherine Russell dans une interview à la chaîne américaine CBS.

Haïti et notamment sa capitale Port-au-Prince sont le théâtre d'une flambée de violences des gangs ces dernières semaines, alors que les Haïtiens attendent l'instauration d'un conseil présidentiel de transition après l'annonce de la démission du Premier ministre contesté Ariel Henry, qui expédie désormais les affaires courantes.

Dimanche, le couvre-feu a été prolongé jusqu'à mercredi dans le département de l'Ouest, qui comprend Port-au-Prince. L'état d'urgence doit prendre fin le 3 avril.

Une opération dans le fief de « Barbecue »

La veille, samedi, la police nationale haïtienne a mené une opération dans le fief du chef de gang « Barbecue » près de Port-au-Prince qui a fait plusieurs morts chez les gangsters, a annoncé un responsable d'un syndicat policier, sans préciser leur nombre exact.

L'opération, qui a eu lieu vendredi soir, a été effectuée avec plusieurs unités de la police nationale dans le quartier du Bas Delmas et avait pour but de débloquer un axe routier, a déclaré Lionel Lazarre, coordonnateur du Syndicat national de la police haïtienne (Synapoha).

Une source au sein de l'Autorité portuaire nationale a indiqué en outre à l'AFP que les forces de l'ordre tentaient samedi dans la matinée de reprendre le contrôle du principal terminal portuaire de Port-au-Prince, face à une nouvelle attaque de malfaiteurs qui ont pillé plusieurs containers.

Aide du Kenya suspendue

Le Kenya, qui doit déployer un millier de policiers dans le cadre d'une mission multinationale de sécurité, a annoncé suspendre l'envoi de ses hommes, mais a assuré qu'il interviendrait une fois un conseil présidentiel installé.

Les gangs contrôlent des pans entiers du pays, notamment 80% de la capitale et sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, et enlèvements contre rançon.

« D'une façon ou d'une autre, nous devons prendre davantage le contrôle de la situation, de manière à faire entrer l'aide » en Haïti, a plaidé Catherine Russell samedi, citant la litanie de catastrophes qui ont touché le pays depuis près de 15 ans: « tremblements de terre, choléra, Covid... ».

La situation actuelle « est la pire que quiconque ait vue depuis des décennies », a-t-elle ajouté.

Un pont aérien annoncé

Alors que l'aéroport de Port-au-Prince reste fermé, la mission de l'ONU en Haïti a annoncé mercredi la mise en place le plus tôt possible d'un « pont aérien » entre Haïti et la République dominicaine voisine par hélicoptère, notamment pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.

Le port principal de la capitale est également à l'arrêt depuis le 7 mars, face à des actes « de sabotage et de vandalisme » selon son opérateur, compliquant l'acheminement d'aide internationale.

Un container de l'Unicef, « comprenant des fournitures cruciales de santé maternelle, néonatale et infantile », a été pillé samedi dans ce port, a annoncé l'agence de l'ONU dans un communiqué.

« Cet incident intervient à un moment critique, quand les enfants en ont le plus besoin », a ajouté l'Unicef.

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