La Radio

L’histoire de RCI débute en 1960 dans l’île anglophone et pas encore indépendante, Sainte-Lucie. Et c’est un ressortissant français de cette île située à une soixantaine de kilomètres au sud de la Martinique qui obtient des autorités du pays un contrat d’émission.

Michel Ferry, c’est son nom, a pour cible première la population martiniquaise qui n’a, à l’époque, que la station locale de l’ORTF pour s’informer et se distraire.

La radio, basée dans la capitale Castries s’appellera alors Radio Caribbean International. Elle diffuse une partie de ses programmes en anglais et… en créole pour la population Saint-Lucienne. Conformément au contrat.

En Martinique, la radio captée en ondes moyennes sous le nom de Radio Caraïbe international, envahit les transistors des foyers martiniquais avec des émissions en Kreyol et en Français.

Une petite révolution dans le paysage radiophonique que cette radio privée commerciale sans complexe face à l’image feutrée et policée du service public.

Jean-Claude Asselin de Beauville, l'un des pionniers de RCI aux côtés de Christan Cabréra
Jean-Claude Asselin de Beauville, l'un des pionniers de RCI aux côtés de Christan Cabréra 

 

RCI, C'EST LA VIE

Parce que l’écouter, c’est l’adopter, les Martiniquais s’approprient « Caraïbes ». C’est ainsi aussi qu’est dénommée la radio dans les foyers martiniquais où l’on aime à fredonner le slogan « RCI, c’est la vie ».

Du reste, tous les pans de la vie, qu’elle soit politique, économique, sociale, culturelle et sociétale, trouvent un écho sur une antenne où la parole est libre.

Au tout début, les studios et les animateurs sont à Castries. Certaines émissions enregistrées en Martinique sont transportées en avion jusqu’à Sainte-Lucie…

Au nombre des pionniers, Jean-Claude Asselin de Beauville, Mano Loutoby, Balthazar, l’homme à la voix bizarre, Yann, Edouard, Larsen, Albert et de nombreux autres suivront et notamment les journalistes Jacques Expert, Bernard Nageotte….

 

Mano (Loutoby), l'animateur défenseur fervent du créole sur l'antenne de RCI
Mano (Loutoby), l'animateur défenseur fervent du créole sur l'antenne de RCI

 

AUTOUR DES ANNÉES 70 ET 80....

Plusieurs  étapes jalonnent l’histoire de RCI.  Il y a une période de silence au milieu des années 60. Une dizaine d’année plus tard,  arrive en 1978, une nouvelle équipe d’actionnaires autour de Robert Augier et de Jacques Dauphin, tous deux venus du monde de la publicité.

Avec eux, Pierre Salinger, un journaliste américain, correspondant Europe de la chaîne américaine ABC, et ancien porte-parole à la Maison Blanche du président américain John F. Kennedy.

C’est à cette époque là que RCI ouvre des bureaux et un petit studio, à l’immeuble Gallet, croix de Bellevue, sur les hauteurs de Fort-de-France.

Peu de temps après, RCI élargit son audience à la Guadeloupe. C’est à la tour Cécid, à deux pas de la rue commerçante de Pointe-à-Pitre, la célèbre rue Frébault, qu’elle s’installe. Au 6ème étage.

 

Balthazar, l'homme à la voix bizarre, du hit parade et du radio calypso sur RCI
Balthazar, l'homme à la voix bizarre, du hit parade et du radio calypso sur RCI


ANNÉES DE PLOMB ET CYCLONE HUGO EN GUADELOUPE

Début des années 80. La Guadeloupe connaît ses années de plomb avec une série d’attentats à la bombe. Les studios de la tour Cécid sont visés au cours de la nuit du 13 novembre 1983. Ils volent en éclat et laissent un trou béant entre le 6ème et le 5ème étage.

En septembre 1989, la nature s’emmêle, le cyclone Hugo rend exsangue la Guadeloupe. Au cours de cette nuit du 16 au 17 septembre, au plus fort du déchaînement des éléments, les antennes  de RCI résistent quand celles de la concurrence s’effondrent sous les assauts des vents cycloniques.

RCI est la seule radio à émettre toute la nuit.  Les animateurs mobilisés ouvrent l’antenne à une population terrorisée par un bruit incessant et assourdissant de lessiveuse, de toitures qui s’envolent voire de baies vitrées qui explosent sous la force des rafales de vent.

Une population terrorisée avec comme seul réconfort la voix et les conseils des animateurs distillés par les transistors radio. Journaliste au « Monde » Philippe Boggio saluera leur rôle dans un article publié dans ce quotidien quelques jours plus tard.

Un motif de fierté pour Robert Augier, président de RCI à l'époque et les équipes de Guadeloupe.

De cet épisode traumatisant date ce rapport privilégié qu’a la population guadeloupéenne avec RCI.

Les studios de RCI Guadeloupe après l'attentat à la tour Cécid à Pointe-à-Pitre
Les studios de RCI Guadeloupe après l'attentat à la tour Cécid à Pointe-à-Pitre

 

Dix ans plus tôt, RCI et ses émetteurs sur l’île de la Dominique font les frais d’autres aléas climatiques. Le passage du cyclone David réduit à néant le système d’émissions sur cette île. 

Les émissions de RCI en AM vers la Guadeloupe reprendront en avril 1980.

En août 1980, le cyclone Allen dévaste à son tour l’île de Sainte-Lucie. Le pylône principal assurant les émissions en AM (ondes moyennes) vers la Martinique se retrouve au sol. La radio est une nouvelle fois contrainte au silence pour quelque temps.

Nouvelle fois car la même année, les auditeurs de RCI Martinique sont privés d'émissions en raison d'un différent politique au sein du gouvernement de Sainte-Lucie. Georges Odlum, vice-premier ministre  à l'époque, ordonne la fermeture de l'émetteur de Radio Caribbean.

C'était un samedi juste avant 18 heures à l'issue d'une émission en créole d'un animateur (Marcellus Miller?) depuis les studios de Castries. On l'entendra dire "Gouvènmen di fèmin sa" (littéralement : le Gouvernement a dit de fermer cela). L'épisode durera quasiment une semaine.

Les années 80, et principalement la période consécutive à l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, sont aussi traversées par toute une série d’événements dans la vie de RCI.

 

DE LA LIBERTÉ DES ONDES A L’ENTRÉE DANS L'UNIVERS DIGITAL

Radio périphérique avec ses antennes principales basées à Sainte-Lucie pour la Martinique et à la Dominique pour la Guadeloupe, RCI installe des réémetteurs et finalement ses antennes dans ces deux départements français.

La fin du monopole d’Etat sur la radio et la télévision et l’apparition des radios locales privées en France sont passés par là.

Néanmoins, RCI subit une forme de « nationalisation » sous la gauche au pouvoir. En 1982, la SOFIRAD, société financière de radiodiffusion, une holding d’Etat dont la majorité des membres du conseil d’administration est nommée par le gouvernement, rachète RCI.

RCI connaîtra deux PDG :

Bernard Miyet, ancien directeur de cabinet du ministre de la communication Georges Fillioud.

Gérard Unger, un proche de Laurent Fabius.

Cette « nationalisation » va s’interrompre en 1986 à la faveur de la première cohabitation de la Vème République. Celle de François Mitterrand et de Jacques Chirac.

Le 29 février 1988, RCI Martinique et Guadeloupe sont l’objet d’une cession à des investisseurs métropolitains et antillais. Elles sont re-privatisées.

Depuis le développement de la radio se poursuit. Une radio qui fait de la confiance de ses auditeurs, sa fierté. 

Une fierté toujours renouvelée comme en témoignent les mesures d’audience successives.

En Guadeloupe, comme en Martinique, prés d’un auditeur sur deux fait chaque jour le choix d’écouter RCI.

Avec un site internet, une application mobile et une présence sur les principaux réseaux sociaux, la radio a revêtu des habits digitaux et entend bien être à l’écoute des nouveaux usages et amplifier sa mutation numérique.

Visuel RCI à l'époque des fréquences AM (Ondes Moyennes)
Visuel RCI à l'époque des fréquences AM (Ondes Moyennes)