Les Etats-Unis déploient des navires de guerre en direction de l'Amérique du Sud

Par 05/04/2020 - 15:31

En pleine épidémie de coronavirus, Donald Trump n'oublie pas ses ennemis. Le président américain a déployé plusieurs navires militaires dans la mer des Caraïbes pour lutter contre le trafic de drogue. Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche : le président vénézuélien, Nicolas Maduro

    Les Etats-Unis déploient des navires de guerre en direction de l'Amérique du Sud

Alors que l'armée américaine est fortement affectée dans le monde par la pandémie de Covid-19, le président Donald Trump a annoncé mercredi la lancement d'une vaste opération antidrogue en Amérique Latine.

"Aujourd'hui, les Etats-Unis annoncent des opérations antidrogue renforcées sur le continent sud-américain pour protéger le peuple américain du fléau mortel des drogues illégales", a déclaré M. Trump en ouvrant sa conférence de presse quotidienne sur la lutte contre le coronavirus.

Le ministre de la Défense, Mark Esper, a précisé que le président avait ordonné le transfert de destroyers, de navires de combat et d'avions de surveillance supplémentaires vers le commandement sud de l'armée américaine, qui couvre l'Amérique du Sud.

"Ces forces supplémentaires vont quasiment doubler notre capacité à mener des opérations antidrogue dans la région", a précisé le chef du Pentagone, pointant du doigt le Venezuela.

"Des acteurs corrompus comme le régime illégitime (du président Nicolas) Maduro au Venezuela dépendent du trafic de drogue pour maintenir leur régime oppressif au pouvoir", a-t-il dit.

Le chef d'état-major, le général Mark Milley, a prévenu que le coronavirus n'empêcherait pas les Etats-Unis de se défendre par des mesures "agressives" contre le trafic de drogue.

"Vous ne passerez pas", a-t-il lancé. "Ce n'est pas le bon moment d'essayer de pénétrer aux Etats-Unis. Nous sommes l'armée américaine. Nous défendrons notre pays, quel que soit le prix à payer".

Washington a offert 15 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation de Nicolas Maduro, inculpé de "narcoterrorisme". S'il s'agit d'un nouveau levier de pression sur le président vénézuélien, les analystes n'y voient pas un facteur de sortie de la crise politique.

Cette annonce martiale intervient alors que l'armée américaine, très impliquée aux Etats-Unis dans la lutte contre le Covid-19, est confinée dans ses bases dans le monde entier pour protéger ses rangs de l'épidémie. 

Un porte-avion nucléaire, l'USS Theodore Roosevelt, est en cours d'évacuation partielle à Guam, dans le Pacifique pour tenter d'enrayer une contamination galopante au coronavirus.

Position contradictoire

La démarche américaine paraît néanmoins incongrue dans la mesure où l'administration Trump a soumis un plan de sortie de crise à ses partenaires internationaux. Il prévoit notamment l'organisation d'élections.

L'Union européenne a jugé vendredi le plan américain pour un gouvernement de transition au Venezuela sans le président Nicolas Maduro et le chef de l'opposition Juan Guaido "conforme" au règlement pacifique prôné par ses Etats membres.

L'UE "accueille positivement le cadre pour une transition démocratique au Venezuela proposé par les Etats-Unis", a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans une déclaration au nom des 27.

"La proposition américaine est conforme à la demande de l'UE de parvenir à une solution pacifique à la crise par la négociation pour instaurer un gouvernement démocratique, qui est plus que jamais nécessaire aujourd'hui", poursuit-il dans cette déclaration, diffusée à l'issue d'une réunion par visioconférence des ministres européens des Affaires étrangères.

L'UE s'inquiète de "l'impact dévastateur sur le plan humain" que pourrait avoir la pandémie de coronavirus "dans un pays déjà confronté à une grave situation économique, sociale et humanitaire".

Les Etats-Unis ont appelé mardi leur allié Juan Guaido à renoncer, au moins provisoirement, à la présidence du Venezuela dans l'attente de nouvelles élections, dans un changement de tactique qui sonne comme un aveu d'échec de leur stratégie pour chasser Nicolas Maduro du pouvoir.

Selon ce schéma, Nicolas Maduro et Juan Guaido devraient "tous les deux" renoncer dans l'immédiat au pouvoir exécutif, confié pendant "une période de transition" à un "Conseil d'Etat" mis en place par "des élus de l'Assemblée nationale issus des deux camps".

En échange d'un accord sur leur plan, les Américains promettent de progressivement lever leurs sanctions draconiennes au rythme de la mise en place de cette transition.

L'UE "appelle tous les acteurs politiques vénézuéliens à placer les intérêts de la Nation au-dessus de toute autre considération et à s'engager dans un processus de négociation crédible, représentatif et sérieux, comme celui facilité par la Norvège".

Les Européens se disent prêts à "contribuer, notamment à travers le Groupe de contact international, à un processus inclusif vers le rétablissement de la démocratie et l'Etat de droit, à travers une élection présidentielle libre et équitable".

Le gouvernement de Nicolas Maduro a rejeté l'appel des Européens dans un communiqué, estimant que l'UE "montre son soutien au projet de Washington de lever les sanctions illégales contre le Venezuela si, et seulement si, son voeu est exaucé et son projet ancien de coup d'Etat se réalise".

Le Venezuela, ajoute le texte, "appelle les Etats membres de l'UE au respect de la souveraineté du peuple vénézuélien et leur rappelle qu'en tant que signataires de la Charte des Nations unies, le moins qu'ils puissent faire est de respecter ses objectifs et ses principes".

Tags