Les Antillais sont partout, jusqu'en Arabie saoudite !

Par 19/09/2023 - 05:00

Les Antilles avaient un œil sur l'Arabie saoudite les 16 et 17 septembre, puisque la Martinique a obtenu l'intégration de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord au Patrimoine mondial de l'UNESCO, mais à l'inverse, il y a aussi sur place certains de nos ressortissants qui n'oublient pas leur territoire d'origine. RCI a profité de son séjour sur place pour rencontrer trois d'entre eux.

    Les Antillais sont partout, jusqu'en Arabie saoudite !
Larry, Valérie et Claude-Eric, Antillais tous les trois, sont installés en Arabie saoudite.

Il y a des Antillais partout dans le monde ! Si cela n'est pas scientifiquement prouvé, l'expérience fait foi et RCI l'a constaté en Arabie saoudite. En marge de notre reportage sur l'intégration de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord dans la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, dans le cadre de la 45e session qui se déroulait à Riyad, nous avons rencontré certains de nos ressortissants installés sur place.

Ils seraient une dizaine, selon un décompte non officiel et parmi eux, Larry Lamartinière, Martiniquais parti vivre il y a sept mois à Djeddah, sur la côté ouest du pays où il occupe un poste de direction à l'Alliance française, instance qui représente la culture nationale aux quatre coins du monde.

On est partout, on a ce goût pour l'exploration, même si on est pas très nombreux, on est là et on représente fièrement nos territoires. 

Dans la capitale, Riyad, au milieu du pays et donc du désert, Valérie Arnauld et Claure-Éric Chout, couple composée d'une Martiniquaise et d'un Guadeloupéen, ont aussi fait ce choix de l'expatriation depuis deux ans, et Claude-Eric qui travaille pour un grand groupe agro-alimentaire constate une fascination pour leur origine lointaine. 

Cette histoire de West Indies, pour eux c'est hallucinant ! Il y a un vrai intérêt sur le fait que quelqu'un d'une île aussi petite soit arrivé là. En fait, c'est une zone émergente qui est en train d'absorber la planète, donc c'est très facile. Vu de loin on pense que non, mais en fait c'est très facile. 

Vue de Riyad depuis le sommet de la Kingdom Tower
Vue sur le centre-ville de Riyad depuis le sommet de la Kingdom Tower. 

Intégration et traditions

Si la mission de Larry sur la côte ouest du pays est de promouvoir la France et d'animer des communautés culturelles et artistiques, le Martiniquais de 32 ans veut aussi se fondre dans le local, en portant notamment l'habit traditionnel, le qamis ou thawb.

La tenue saoudienne est une façon de s'intégrer, mais c'est aussi la plus adaptée au climat. Il fait très chaud ici, parfois plus de 50 degrés. En plus en tant que Martiniquais, je suis métissé et j'ai un faciès qui ressemble beaucoup à celui des Saoudiens, du coup ils me prennent pour l'un d'eux.

Resssembler, c'est un début, mais d'ici à être pleinement intégré, cela peut prendre du temps. Si la société saoudienne s'est énormément ouverte depuis un peu moins de 10 ans, elle reste très traditionnelle, l'immense majorité des femmes est d'ailleurs voilée dans les rues et Claude-Eric voit la différence entre le professionnel et le privé. 

Il y aura des sorties professionnelles assez facilement, par contre, cela reste une société réservée, le cadre familial est protégé et ne va pas facilement s'ouvrir. Cela se fait, mais ça prend du temps

 

Contraste Riyad
Riyad, ville de contrastes, entre modernité, comme "The Boulevard" (à gauche), centre commercial et d'attraction, et tradition, comme le site UNESCO d'Al Turaif (à droite), berceau des Saouds.

Malgré tout, le pays change et oscille. D'un côté, il y a les traditions très rigoureuses, l'Islam est d'ailleurs la seule religion autorisée et la constitution est basée intégralement sur le coran. De l'autre, il y a une modernité galopante qui voit des chaînes de fast-food américaine envahir toutes les artères commerçantes, qui traduit l'ambition de devenir une hyper-puissance au capitalisme assumé et donc ouverte sur le monde, comme le note Claude-Eric. 

L'Arabie saoudite a un programme depuis 7-8 ans qui s'appelle ''Vision 2030'' et l'ambition est de changer le modèle économique pour être moins dépendant du pétrole, donc ça veut dire ouvrir l'économie au tourisme, à la science, à l'industrie, à la recherche et développement et aussi faire évoluer la société pour être plus tolérante et plus ouverte. Ils ont changé quelque chose dans l'image du pays et ils attaquent sur tous les fronts. Le sport, la culture, l'industrie... Ils font des ponts ouverts pour devenir un acteur majeur de la planète sur tous ces secteurs.

Une passion française... à élargir aux Outre-Mer

Les Français bénéficient d'ailleurs d'un avantage certains, car les Saoudiens adorent notre culture et il n'est pas rare de voir des boutiques arborer fièrement la langue de Molière à Riyad. De plus, les boutiques de luxe des fleurons du domaine tricolore sont légion dans les malls (centres commerciaux) de l'hyper-centre. Valérie qui enseigne notre langue, auparavant à l'Alliance française et désormais au lycée français, l'a clairement constaté. 

Ils aiment la langue, ils la trouvent belle et ils adorent la France. Beaucoup de Saoudiens vont en France. Ils s'y intéressent pour des raisons professionnelles, beaucoup veulent aller au Québec pour étudier et du coup ils viennent prendre des cours à l'Alliance. Et au lycée, on a les enfants de la communauté francophone et puis on a des familles qui adorent la langue, qui parlent un peu et qui veulent que leurs enfants apprennent le Français, notamment pour aller y étudier ensuite.

Boutique avec un nom français à Riyad
Il n'est pas rare de voir des boutiques avec des noms en Français à Riyad. 

Nos trois ressortissants profitent donc aussi de leur présence sur place pour que les Saoudiens sachent que la France, c'est bien plus que l'hexagone, comme Larry depuis Djeddah.

Je mets un point d'honneur à faire connaître la France dans toute sa diversité et il y en a beaucoup qui souhaitent maintenant venir aux Antilles. 

Ces expatriés jouent donc aussi le rôle d'ambassadeurs des Antilles sur place en quelque sorte, et dans le cas de Valérie, cela passe aussi par les saveurs et les sonorités. 

Il y a beaucoup d'expatriés d'Inde et du coup, on trouve des épices et des fruits et légumes exotiques, donc on peut cuisiner antillais. Quand on invite des amis, on va cuisiner créole et passer de la musique des Antilles. 

Même à plus d'une journée de vol de Fort-de-France ou Pointe-à-Pitre, notre culture a ses représentants au milieu du désert, preuve supplémentaire que les Antillais sont vraiment partout. 

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