Les coraux d’Outre-mer menacés par des substances chimiques

Par 18/09/2023 - 15:32 • Mis à jour le 18/09/2023 - 21:22

Les filtres UV, les hydrocarbures, les pesticides et les métaux sont les plus à risques pour nos coraux ! C'est ce que révèle la dernière étude de l'Anses.

    Les coraux d’Outre-mer menacés par des substances chimiques
Coraux Photo d'illustration Shutterstock

Une étude sur l’impact et l’évaluation des substances chimiques sur les coraux dans les Outre-mer, a été publiée ce lundi. Menée par L’Anses - l’Agence nationale de sécurité sanitaire -, avec l’appui de l’Office français de la biodiversité, elle révèle que les coraux, déjà touchés par les effets du dérèglement climatique, sont menacés par des substances chimiques.

Sur la centaine de ces substances identifiées comme potentiellement toxiques pour les récifs coralliens, l’Agence a pu mener une évaluation des risques pour une cinquantaine d’entre elles en s’appuyant principalement sur les données disponibles en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion et à Mayotte. Il s’agit de filtres UV, d’hydrocarbures, de pesticides et de métaux. Le nombre de substances toxiques est probablement sous-estimé pour l’Agence.

Alerte maximale

L’Anses a émis des préconisations pour réduire les rejets de substances dangereuses et interdire certains produits. Elle préconise également d’améliorer l’implantation et le fonctionnement des réseaux d’assainissement des eaux usées.

L’Agence estime que 20 % des coraux au niveau mondial ont été irrémédiablement détruits au cours des dernières décennies et seul un tiers des coraux restants seraient dans un état satisfaisant.

Les récifs coralliens de Guadeloupe et plus largement du nord des Antilles ont été placés, mercredi 13 septembre, en alerte maximale par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique pour « blanchissement sévère et risque de mortalité probable ».

Gipsy Tramoni, responsable de l'Asso-mer, pointe du doigt les mauvaises pratiques et les dysfonctionnements

Ce sont des polluants, des substances que l'on retrouve dans nos eaux côtières, des filtres UV, notamment en période touristique, mais pas que. On a encore des pratiques qui ne sont pas forcément écoresponsables vis-à-vis de l'utilisation de crèmes solaires avec des filtres UV chimiques. Pour les hydrocarbures, évidemment, on a des problématiques de fuite moteur, tous les garages, de toutes les activités, même la route de façon générale est très proche du littoral. Des problématiques d'eau grise qui ne sont pas forcément bien gérées et traitées. 

Chloé Theret, directrice de l'Asso-mer, tire la sonnette d'alarme.

On est dans un seuil critique. Le problème qu'on a aujourd'hui, c'est que les politiques ne sont pas assez avant-gardistes ou courageux pour prendre les décisions qu'il faut. Des mesures de gestion qui ne sont pas suffisamment fortes. Du coup, on a le risque d'arriver dans une situation où plus personne ne fait rien. C'est ça qui est dangereux. Je pense qu'il faut aller beaucoup plus loin et, a priori, c'est ce que préconise aujourd'hui cette étude sur des applications de restrictions, sur des mesures de gestion plus efficaces, sur des interdictions de mise sur le marché de produits chimiques. 

À ÉCOUTER Le reportage de Florence Treuil

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