Un enseignant tué dans un lycée d’Arras par un assaillant qui était surveillé par la DGSI

Par 13/10/2023 - 10:48

C’est un nouveau drame qui suscite l’émoi : ce vendredi 13 octobre, un homme d’une vingtaine d’années, fiché S, a tué un enseignant et blessé deux personnes, en pénétrant dans une cité scolaire.

    Un enseignant tué dans un lycée d’Arras par un assaillant qui était surveillé par la DGSI
Capture d'écran BFM TV

L'homme d'origine tchétchène qui a poignardé à mort un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans une cité scolaire à Arras ce matin (vendredi 13 octobre), trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, était fiché S et sous surveillance de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Le profil de l'assaillant, qui a crié « Allah Akbar » lors des faits, s'apparente « à un individu radicalisé dont le potentiel est connu, mais qui décide subitement de passer à l'acte, rendant difficile sa neutralisation », a expliqué à l'AFP une source renseignement.Il a agi dans un contexte de crainte d'attentats islamistes en France sur fond du conflit entre Israël et le Hamas.

Cet homme, Mohammed Mogouchkov, fiché S et âgé d'une vingtaine d'années, est d'origine tchétchène, tout comme l'était l'assaillant de Samuel Paty ont indiqué plusieurs sources policières, l'une précisant qu'il est de nationalité russe, arrivé en France en 2008.

Il « faisait l'objet d'un suivi actif » de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait été contrôlé jeudi « sans qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée », a indiqué la source renseignement.

Selon elle, l'assaillant « était sous écoute et faisait l'objet de surveillances physiques », « depuis cet été » et « ses conversations téléphoniques n'avaient pas mis en évidence, ces derniers jours, d'éléments permettant d'annoncer un passage à l'acte ».

Un de ses frères avait « été interpellé à l'été 2019 par la DGSI dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué puis de faits d'apologie et est écroué », a encore dit cette source.

Panique

Le président Emmanuel Macron est arrivé peu avant 15h sur les lieux de l'attaque, accompagné des ministres de l'Education Gabriel Attal et de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Selon une source policière, l'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax.

Une source proche du dossier a précisé qu'il s'agissait d'un professeur de français.

Parmi les deux blessés figurent un agent du lycée, atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a précisé une autre source policière.

Aucun élève de l'établissement, le lycée Gambetta, dans le centre-ville, n'a été blessé, a précisé une troisième source policière.

Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque, Martin Dousseau, a décrit à l'AFP un mouvement de panique au moment de l'intercours, quand les élèves se sont retrouvés face à un homme armé.

« Il a agressé un personnel de la cantine. J'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi », a-t-il ajouté. « On s'est barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé ».

Selon le récit d'une source policière, le premier enseignant agressé est mort devant l'établissement et le professeur blessé est intervenu pour le défendre.

L'agresseur s'est ensuite rendu au secrétariat pour voir le proviseur, sans succès, avant de descendre dans la cour, d'agresser l'agent technique, puis d'être tasé et interpellé par la police, a-t-elle ajouté.

Cet homme « ne pouvait être expulsé en raison de la protection absolue contre l'éloignement dont il bénéficiait », car il est entré en France avant l’âge de 13 ans, a-t-on précisé dans l'entourage de Gérald Darmanin.

Une source policière a précisé que « plusieurs membres » de sa famille avaient « été interpellés pour les besoins de l'enquête », ouverte par le parquet national antiterroriste.

Un large périmètre de sécurité a été établi autour de l'établissement, où police, pompiers et Samu étaient déployés en force, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

Plusieurs élèves, un temps confinés, ont quitté l'établissement, devant lequel attendaient des parents, a constaté l'AFP.

"On a été confinés dans les vestiaires, on pensait que c'était un exercice", a témoigné Marius, un élève de terminale, auprès de l'AFP.

« Effroi »

Deux syndicats, le Snes-FSU et le SE Unsa, ont affirmé à l'AFP que l'assaillant était "un ancien élève" de ce lycée d'environ 1.500 élèves, pas "connu pour des remises en question de la laïcité", selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement, visiblement arme à la main, avant de se diriger vers la porte d'entrée.

Cette attaque intervient presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, décapité à 47 ans le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.

Gabriel Attal et Gérald Darmanin ont tous deux demandé le renforcement de la sécurité de tous les établissements scolaires.

La classe politique dans son ensemble a exprimé son "effroi" et les députés ont suspendu leurs travaux, puis respecté une minute de silence devant l'Assemblée nationale.

Le patron de LR Eric Ciotti a lui demandé à Emmanuel Macron "d'activer l'état d'urgence".

Le député guadeloupéen Olivier Serva a également réagi à l'Assemblée Nationale.

Depuis l'attaque qui a fait 12 morts en janvier 2015 au siège parisien de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.

Elle a culminé avec les attaques du 13 novembre (130 morts et des centaines de blessés) puis de Nice en juillet 2016 (86 morts et plus de 400 blessées).

Le pays a depuis été la cible de plusieurs attaques menées par des jihadistes isolés. Selon le gouvernement, la police continue à déjouer régulièrement des projets d'attentats islamistes en France – une quarantaine depuis 2017.

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