Emmanuel Macron évoque "la fin de l'abondance"

Par 24/08/2022 - 08:22 • Mis à jour le 24/08/2022 - 17:18

Le chef de l'Etat a longuement pris la parole en ouverture du conseil des ministres de rentrée. Le président a évoqué les différentes crises en cours et leurs conséquences sur la vie des Français. S'il n'en a pas parlé, les Outre-mer sont aussi à l'agenda de la rentrée du président.

    Emmanuel Macron évoque "la fin de l'abondance"

Emmanuel Macron a souligné, mercredi, la gravité des enjeux de la rentrée en appelant le gouvernement et la majorité à "l'unité" pour faire face à "la grande bascule" liée aux effets de la crise climatique et à "la fin de l'abondance".

Après trois semaines de vacances, le chef de l'Etat a fixé le cap en prenant longuement la parole au début du conseil des ministres de rentrée, une allocution exceptionnellement diffusée en direct.

Il a également appelé les ministres au "sérieux" et à "la crédibilité" après une série de polémiques ayant émaillé l'été, comme sur la régulation des jets privés ou sur une épreuve de karting organisée dans la prison de Fresnes (Val-de-Marne).

Soulignant l'importance de "dire les choses" avec "beaucoup de clarté", Emmanuel Macron a de nouveau insisté sur la nécessité de prendre des décisions fortes, comme il l'a déjà évoqué dans son allocution du 14-Juillet puis dans un discours prononcé à Bormes-les-Mimosas (Var) le 17 août.

"Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (...) et il se pourrait que d'aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois, pour ma part, que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l'ordre d'une grande bascule ou d'un grand bouleversement", a-t-il déclaré devant la Première ministre Elisabeth Borne et les ministres.

Citant les effets de la guerre en Ukraine, débutée il y a six mois jour pour jour, et de la crise climatique, il a mis en avant "la fin de l'abondance", que ce soit "des liquidités", "des produits de technologie", des matières premières ou de l'eau.

A cela, s'ajoutent "la fin des évidences", comme de la démocratie, et "la fin de l'insouciance".

Alors que, face à ce contexte troublé, "nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d'anxiété", le président a appelé le gouvernement au "respect de la parole donnée et des engagements" pris, et à "réaffirmer une unité très forte" avec la majorité autour "d'un cap qui nous permettra de consolider notre souveraineté, notre indépendance française et européenne".

Cette communication sombre du président marque aussi une rupture avec sa "ligne optimiste" qu'il a "toujours tenue", selon le président de l'institut Elabe Bernard Sananès. "Il y a une forme d’anticipation politique : si vraiment les temps deviennent difficiles (...) le président doit l’avoir dit avant, pour ne pas donner l’impression qu’il aurait été, lui et son exécutif, surpris par les événements", analyse-t-il auprès de l'AFP.

Les déclarations de M. Macron ont été fraîchement accueillies à gauche et par le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

"C'est un message décalé. Quand on parle de fin de l'abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires", a réagi M. Martinez sur BFMTV. 

"Non mais on rêve ! Comme si les Français avaient manqué de soucis et s'étaient trop gavés. 10 millions de Français pauvres à cause de l'insouciance du Président Macron et de la prédation des riches", s'est indigné le secrétaire général du PCF Fabien Roussel sur Twitter.

"L'unité nécessite la contribution à juste proportion des ressources de chacun. Pourquoi dès lors refuser d'augmenter les salaires, de mettre fin à la gabegie financière et écologique des ultra-riches et de taxer enfin les superprofits des multinationales ?", a critiqué de son côté le député LFI Manuel Bompard.

M. Macron a aussi énuméré les grandes étapes de la rentrée avec un séminaire gouvernemental la semaine prochaine, en bonne partie consacré à l'écologie, et le lancement, la semaine suivante, du Conseil national de la refondation.

"En même temps résolu"

La période estivale a été marquée par une succession de drames climatiques, de la sécheresse aux incendies jusqu'aux orages meurtriers en Corse.

"Après la saison que nous venons de vivre", "nous aurons des choix clairs et forts à prendre", a averti M. Macron.

"Il n'y a plus à choisir aujourd'hui entre l'adaptation et l'atténuation. C'est le en même temps résolu", a-t-il ajouté, alors que le bilan écologique du premier quinquennat est fréquemment dénoncé comme insuffisant par les associations écologiques.

L'heure est donc à "la mobilisation générale", selon l'entourage du président, avec un mot d'ordre, "la sobriété énergétique", qui devra faire l'objet d'un projet de loi d'accélération des énergies renouvelables.

D'autres chantiers compliqués attendent le gouvernement d'ici à la reprise des débats à l'Assemblée nationale et au Sénat en octobre. Est notamment attendu un texte sur l'assurance chômage qui doit prolonger le durcissement d'accès aux indemnités et qui suscite l'hostilité de la gauche et de syndicats. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, est d'ailleurs attendu dès mercredi après-midi à Matignon.

Parallèlement, l'agenda de M. Macron va rester largement occupé par les dossiers internationaux, à commencer par la guerre en Ukraine. Jeudi, il sera en Algérie pour une visite de trois jours avant de détailler ses priorités diplomatiques devant les ambassadeurs le 1er septembre.

L'Outre-mer en septembre

En plus de climat, le président de la République va devoir se pencher sur l'Outre-mer pour ses premiers travaux de rentrée. Le 7 septembre, il recevra les signataires (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte, Réunion, Saint-Martin) de l'appel de Fort-de-France.

Ces territoires ultramarins veulent une refondation des relations avec l'Etat. "Nous ne voulons pas de dîner ou de banquet avec le président de la République, nous souhaitons une réunion de travail avec lui", ont prévenu Serge Letchimy et Ary Chalus hier lors d'une rencontre bilatérale en Guadeloupe.

C'est le gouvernement d'Elisabeth Borne qui prendra le relai du chef de l'Etat. Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer doit en effet organiser un Oudinot de la vie cher à la fin du mois de septembre.

Le même Jean-François Carenco se rendra la semaine prochaine à l'université d'été du Medef pour notamment présenter sa feuille de route au comité Outre-mer de l’organisation patronale.

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