« L'autonomie, ça n'a rien d'extraordinaire », Brigitte Girardin, ancienne ministre des Outre-mer

Par 07/02/2024 - 18:35 • Mis à jour le 07/02/2024 - 19:49

Brigitte Girardin a été auditionnée ce mercredi 7 février par les membres de la délégation sénatoriale aux Outre-mer. L'ancienne ministre des Outre-mer de Jacques Chirac s'est montrée très critique vis-à-vis de l'action de l'Etat dans les territoires ultramarins.

    « L'autonomie, ça n'a rien d'extraordinaire », Brigitte Girardin, ancienne ministre des Outre-mer

L'action de l'État dans nos territoires a été sévèrement critiquée ce mercredi au Palais du Luxembourg. Dans le cadre du cycle d'auditions mené par la délégation sénatoriale aux Outre-Mer sur ce sujet, l'ancienne ministre de Jacques Chirac, Brigitte Girardin, a été interrogée par les parlementaires.

Cette dernière a déploré la disparition d'un ministère des Outre-Mer de plein exercice, mais aussi le manque de fonctionnaires et d'administrations spécialisées sur les réalités et enjeux qui concernent ces collectivités.

Brigitte Girardin qui a d'ailleurs plaidé pour davantage d'autonomie, en s'appuyant notamment sur l'exemple de la crise covid avec les décisions imposées aux Antilles

L'autonomie, ça n'a rien d'extraordinaire, c'est vraiment la prise en compte de particularités locales. Laissons ceux qui connaissent le mieux le terrain définir eux-mêmes la politique qui doit être mise en place. Et ça ne veut pas dire qu'on s'en désintéresse. Il faut accompagner financièrement. J'ai cité l'exemple de la Polynésie autonome en matière de santé. On a payé les vaccins et vous n'avez pas entendu en Polynésie de problèmes au moment de la crise ? On n'a pas entendu ce qu'on a entendu aux Antilles pour être clair. C'est pour ça que je pense qu'il y a urgence à avoir un sursaut

Pas de préfet maritime aux Antilles

L'ancienne locataire de la rue Oudinot a singulièrement dénoncé l'absence de préfets maritimes, notamment aux Antilles :

C'est catastrophique. On a trois préfet maritime pour 3 % de la zone économique en métropole et on n'a aucun préfet maritime sur 97 % de la zone économique. Je donne un exemple quand il y a eu le cyclone Irma, le préfet de Martinique m'a expliqué qu'il était sur le papier en charge de l'organisation de l'État en mer, que c'est lui qui devait aller prendre des arrêtés pour interdire la mer territoriale au large de la Guadeloupe pour permettre l'acheminement des secours. Pour Saint-Martin, le préfet de la Guadeloupe, lui, n'avait aucune compétence en la matière. Tout ça n'a aucun sens. Et les préfets Outre-mer, je vous assure qu'ils sont suffisamment occupés avec tous les problèmes qu'il y a sur terre pour s'occuper de ce qui se passe en mer, où ils n'ont pas de compétence particulière et où les préfets maritimes, ce sont des gens qui ont la compétence nécessaire. Commençons par avoir une administration efficace avec des fonctionnaires qui soient spécialisés. Et là, je pense qu'on pourra anticiper tous les problèmes d'adaptation

La délégation Outre-mer du Sénat qui auditionnera demain Maître Patrick Lingibé, membre du Conseil national des barreaux, ancien vice-président et président de la délégation outre-mer de la Conférence des bâtonniers de France et le Général Claude Peloux, commandant du service militaire adapté (SMA) auprès de la direction générale des outre-mer. Des auditions qui se tiennent dans le cadre du rapport d’information sur l’adaptation des modes d’action de l’État dans les outre-mer.

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