Deux firmes britanniques envisagent de verser des réparations : "insuffisant", selon les associations

Par 22/06/2020 - 11:07 • Mis à jour le 22/06/2020 - 11:07

À la faveur du mouvement anti-raciste déclenché par la mort de Georges Floyd, deux firmes britanniques ont décidé de verser des réparations à des mouvements et associations anti-racistes. Une action jugée insuffisante par les associations.

    Deux firmes britanniques envisagent de verser des réparations : "insuffisant", selon les associations

Le décès de Georges Floyd a d'abord propulsé sur le devant de la scène médiatique les violences policières et le racisme qui règne parfois dans les forces de l'ordre. Puis, la discussion s'est orientée sur l'héritage colonial et esclavagiste de grandes nations occidentales.

Après les démontages de statues en guise de réparation symbolique et mémorielle, vient désormais l'heure de reparler d'un processus engagé il y a de nombreuses années : les réparations.

En Grande-Bretagne, la compagnie d'assurance Llyod's qui assurait les cargaisons des navires négriers et la brasserie Green King dont l'un des fondateurs étaient un propriétaire d'esclaves à Monserrat et Saint-Kitts, ont annoncé qu'elles verseraient des réparations à des associations défendant les minorités.

Pour les pays de la Caraïbe, cette prise de position est insuffisante. "Nous ne sommes pas en train de mendier des chèques ", a déclaré Hilary Beckles, président de la commission sur les réparations de l'esclavage au sein de la Caricom. "La question de l'argent est secondaire mais le poids moral exige, dans une économie de marché, que vous contribuiez au développement" des pays situés à l'épicentre de la traite des esclaves.

"Les institutions britanniques", a-t-il poursuivi, "doivent s'asseoir autour d'une table avec les pays des Caraïbes pour discuter du financement de projets de développement et même considérer une sorte de "plan Marshall" afin de rendre à ces populations la richesse pillée à l'époque."

Maître Georges Emmanuel Germany partage également ce point de vu. "Lorsqu'une entreprise décide de réparer, explique l'avocat au barreau de Fort-de-France, elle commet une maladresse. Parce qu'en tant qu'entreprise ayant bénéficié de l'esclavage, ce n'est pas elle de fixer les modalités et le quantum de la réparation".

Selon l'avocat "elle doit plutôt se demander ce qu'attendent les victimes, combien elles demandent, qu'est-ce qu'elles demandent ?". "La relation à l'humanité n'est pas un mouvement personnel", ajoute Georges Emmanuel Germany.

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