Emeutes après la mort de Nahel : plusieurs villes de France sous couvre-feu

Par 29/06/2023 - 16:29

Les autorités redoutent une « généralisation » des violences nocturnes après la mort mardi (27 juin) à Nanterre de Nahel, tué par un policier qui a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. En Île de France, bus et trams ont arrêté le service à 21h.

    Emeutes après la mort de Nahel : plusieurs villes de France sous couvre-feu
Une nouvelle nuit d'émeutes est attendue dans plusieurs villes de France.

Un couvre-feu nocturne a été mis en place dans plusieurs villes comme Clamart (Hauts-de-Seine), de 21h à 6h, ou Compiègne (Oise), de 22h à 6h, de jeudi soir à lundi matin, en réponse aux violences survenues depuis la mort mardi (27 juin) du jeune Nahel à Nanterre.

À Compiègne, la mesure de couvre-feu fait suite à une série de violences dans le quartier prioritaire du Clos-des-roses, où selon la mairie, « beaucoup de tirs de mortier » ont visé dans la nuit policiers et pompiers, tandis que des poubelles et véhicules ont été incendiés.

A Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), où sept véhicules de la police municipale ont été détruits par les flammes, le maire Zartoshte Bakhtiari (SE) a décidé de mettre en place un couvre-feu partiel sur trois quartiers de la ville: les Fauvettes, les Primevères et le secteur de la mairie.

Des violences urbaines ont éclaté dans de nombreuses villes d'Île-de-France lors des deux nuits suivant la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier après un refus d'obtempérer.

Pas de bus et de tramway cette nuit en Île de France

De leur côté, pris pour cible mercredi soir lors des émeutes, les tramways et autobus ne circuleront pas jeudi soir après 21h en région parisienne, « pour assurer la protection des agents et des voyageurs », a annoncé la présidente d'Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse.

"Nos transports ne sont pas des cibles pour les voyous et les casseurs!", a ajouté l'élue (LR), également présidente du conseil régional.

D’autres agglomérations ont pris des mesures de prudence similaires, obligeant des millions de voyageurs à s'organiser à la hâte.

Le principal opérateur de la région, la RATP, avait précisé que ses trams et bus allaient s'arrêter progressivement jusqu'à 21H00, invitant les voyageurs à "anticiper leurs déplacements". "Les réseaux Métro et RER devraient circuler normalement", selon son communiqué.

Les bus de nuit ne circuleront évidemment pas, pas plus que les bus de substitution prévus là où les lignes de RER et train de banlieue sont en travaux (B, E, J, L, P...). 

La décision d'arrêter tôt tous les transports publics de surface de la région capitale est plus radicale que ce qu'avait à l'origine demandé Mme Pécresse. Elle suggérait de limiter cette restriction aux quartiers touchés par les violences.

La décision a été prise par l'Etat, dans le cadre de la cellule interministérielle de crise, selon le ministère des Transports.

D'importantes dégradations

Mercredi soir, les émeutes en réaction à la mort de Nahel, adolescent de 17 ans tué mardi par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, ont durement touché les transports franciliens.

Une rame du tramway sur pneus T6 a été caillassée à Clamart (Hauts-de-Seine) avant d'être incendiée et détruite. 

IDFM a également recensé 11 bus incendiés. 

"Tout ça c'est (...) des millions d'argent public des quartiers populaires partis en fumée, c'est irresponsable, c'est coupable, et il faut que cela s'arrête", a lancé Mme Pécresse lors d'une visite sur le terrain.

Une rame du tram T9 a en outre été touchée par un tir de mortier et une autre du T10 - inauguré samedi dernier - a été victime d'un départ d'incendie après le jet d'un cocktail Molotov à l'intérieur, selon un porte-parole.

A Saint-Denis sur la ligne T5, des feux de poubelles ont endommagé le rail de guidage. A Montfermeil (Seine-Saint-Denis), "la caténaire a souffert" à cause d'un incendie sur le tracé de la T4, selon une porte-parole de la SNCF. 

Ces incidents n'ont pas fait de blessé, mais des conducteurs ont été pris à partie, voire molestés, a dénoncé le porte-parole d'IDFM.

Des interruptions de service étaient prévues jeudi soir dans d'autres agglomérations, comme à Clermont-Ferrand, où le syndicat mixte des transports a annoncé "qu’en raison des évènements récents" les transports en commun ne seront plus assurés à partir de 22H00.

En milieu de soirée, le trafic sur une dizaine de lignes de bus et tram de l’agglomération lyonnaise était perturbé en raison "d’incivilités", ont indiqué sur twitter le réseau des TCL (Tansports en commun lyonnais). Certaines stations de tram, à Vénissieux ou Saint-Priest, dans l’est lyonnais, ne sont plus desservies. 

Dans le Centre-Val de Loire, à Tours, il n'y aura pas de bus et de tramway à partir de 22H00, tout comme à Orléans où les deux lignes de tram seront arrêtées à la même heure.

Dans la métropole lilloise, les bus et trams devaient arrêter de circuler à 20H00, sur "recommandations de la préfecture et des forces de l'ordre", avait indiqué en fin d'après-midi le gestionnaire Ilevia. La circulation des tramways a également pris fin à 20H00 à Valenciennes. 

Dans la métropole bordelaise, le réseau de transport TBM a annoncé jeudi après-midi l'interruption de la circulation de la ligne C en direction du stade Matmut Atlantique, où se tient un concert du groupe Muse, après des violences ces deux derniers soirs qui ont entraîné des ruptures de tram.

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