Une situation de violence extrême à Mayotte : « après 18h, je ne sors plus »

Par 16/05/2023 - 15:04

Monique et Christophe Blanchard, un couple de Martiniquais exercent à Mayotte depuis 4 comme responsable et directeur-adjoint du service hospitalier de Mamoudzou. Ils décrivent une situation désastreuse et un climat de peur. L'hôpital a dû être fermé et le plan blanc déclenché.

    Une situation de violence extrême à Mayotte : « après 18h, je ne sors plus »
La situation est extrêmement tendue à Mayotte depuis le déclenchement de l'opération « Wuambushu ».

Depuis plusieurs semaines, le département de Mayotte vit dans un contexte de violence extrême. La cause : une opération Baptisée « Wuambushu ». Le gouvernement a en effet déclenché une série d’interventions policières contre la délinquance et l’immigration illégale à Mayotte, pour une durée de deux mois.

Ces opérations visent à expulser des massivement des ressortissants étrangers en situation irrégulière et à détruire de nombreux bidonvilles. Installés dans des lieux appelés « bangas » particulièrement insalubres, ces immigrés en proie à la violence et aux trafics, occupent de petits emplois et les mineurs sont scolarisés.

Mais ils sont aussi accusés par une partie de la population et par des élus de déséquilibrer le peu d’infrastructures et de ressources de l’île, tout en nourrissant un taux de délinquance « hors normes ». Plusieurs opérations dites de « décasage », parfois réalisées par des habitants de l’île eux-mêmes constitués en milices, ont déjà eu lieu depuis 2016.

Une situation extrêmement tendue qui donne lieu à de nombreux affrontements et de nombreux saccages notamment dans les centres hospitaliers.

Ces derniers jours, le CHM (Centre Hospitalier de Mayotte) a déclenché un plan blanc en l’accord avec le centre régional de santé, à la suite de l’attaque du centre médical de référence de Dzoumogné. Cela implique la fermeture immédiate du CMR de Dzoumogné jusqu’à nouvel ordre ainsi que le transfert immédiat des soignants et des usagers vers le site principal de Mamoudzou.

Une décision qui vise à assurer la sécurité des agents du CHM, ainsi que la prise en charge des patients.

Une vie dans la crainte

 Monique Blanchard, Martiniquaise résidant à Mayotte, responsable de service hospitalier de Mayotte (Mamoudzou) connaît cette situation de violence depuis quelques années mais estime qu’elle s’est accentuée avec cette opération du gouvernement. Elle vit désormais dans la crainte et ne sort plus après une certaine heure par risque de se faire agresser. Elle n’a qu’une espérance : quitter Mayotte.

Depuis 4 ans que je suis à Mayotte, ça a toujours été tendu. Mais on ne pensait pas que cette opération allait se dérouler de la sorte. À partir de 18h, je ne sors plus. Tout le monde essaie de se camoufler à domicile pour éviter de croiser cette violence. Les bus sont caillassés. On a la crainte de croiser des jeunes munis de machettes. Moi, j’ai espoir que l’année prochaine, je quitte Mayotte.

Son mari, Christophe Blanchard, est directeur général adjoint du service hospitalier de Mayotte (Mamoudzou). Lui non plus n’a jamais connu ce genre de situation depuis qu’il exerce en hôpital.

Ça rend les choses très compliquées. Les collectifs, en réponse aux propos du président des Comores, empêchent les patients de se rendre à l’hôpital. Vendredi, une quinzaine de jeunes ont pénétré l’hôpital du nord avec des machettes, saccagé le poste de sécurité. On a dû faire une réunion du CHSCT et fermer l’hôpital 

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