Le village de Poulangy se prépare à accueillir un Mémorial de l’esclavage

Par 07/11/2023 - 10:59 • Mis à jour le 07/11/2023 - 17:16

C'est l'histoire d'un petit coin de la Haute-Marne, dans l'est de la France qui espère accueillir un Mémorial de l'esclavage. À Poulangy, l'Association de sauvegarde du patrimoine, porte ce projet déjà bien ficelé, avec le soutien de la mairie, sur la base notamment d'un lien qui unit le village à la Guadeloupe. Les détails dans cet article.

    Le village de Poulangy se prépare à accueillir un Mémorial de l’esclavage
Remise du titre de citoyen d'honneur

Lors de l'abolition de l’esclavage en 1848, le nom de famille « Poulangy » a été donné par un officier d'état civil à deux esclaves libérés, natifs de Petit-Canal, Florine et son fils Marcellin. Cette initiative mémorielle ambitieuse se veut toutefois beaucoup plus large que cette seule histoire dans le petit village de Poulangy.

Parler de l’esclavage de manière globale

poulangy esclavage

À Poulangy, on espère réparer une anomalie. Ce petit village d'à peine 400 habitants est à plus de 500 kilomètres de la mer, mais son histoire est pourtant liée à celle de l'esclavage. Alors L'association locale de sauvegarde du patrimoine et son président, Christophe Dubois Rubio, veulent y créer un mémorial global.

L'histoire de l'esclavage est toujours traitée par morceaux, alors qu'en fait, il faut l'envisager sous l'angle de l'histoire de l'Homme. L'idée, c'est de montrer effectivement comment l'esclavage se développe. Ce sont des étapes qui vont amener à une déshumanisation de l'Homme. On retrouve aujourd'hui, par exemple dans les féminicides, cette notion justement qui transpire encore dans l'histoire moderne de cette domination de l'un sur l'autre.

Il s’agit en effet de parler de tous les esclavages, car le village a accueilli la famille Vincheguerre qui a fait libérer des chrétiens captifs des invasions arabes, mais aussi parce que le nom de famille Poulangy a été donné en Guadeloupe lors de l'abolition de 1848 à Florine et son fils Marcelin, et enfin, car l'artiste congolais Freddy Tsimba, qui travaille sur les esclavages modernes, vit sur place. Le mémorial commémorera notamment ces trois histoires de la grande histoire.

Un hommage à la famille Poulangy 

On a la première œuvre qui illustre la famille dite Vincheguerre qui sera une œuvre cinétique. Ensuite, la traite négrière, où là, on a une représentation de Florine et Marcelin Poulangy. Et c'est l'artiste guadeloupéen Jacky Poulier, qui va réaliser cette œuvre. Ensuite, la dernière qui est Esclavage moderne, c'est Freddy Tsimba, qui fera une œuvre qui illustre cette partie.

En attendant la concrétisation du projet, le village a réalisé une première opération début octobre en faisant citoyen d'honneur deux Guadeloupéens nommés Poulangy, Alixia et son frère Samuel.

Ça faisait étrange de voir le panneau Poulangy, confie le frère.

poulangy
Alixia et son frère Samuel

Ils ont découvert leurs ancêtres Florine et Marcelin avec cette histoire, ainsi que l'origine de leur nom.

Ça nous a surpris au début, mais oui, ça fait plaisir et surtout, nous, on a accepté de venir aussi en mémoire à notre grand-père aussi, qui aurait été fier de tout cela. Je connaissais jusqu'au père de mon grand-père, mais non, je ne connaissais pas jusqu'à Marcelin et Florine. C'est quand même une fierté et puis surtout, ça permettra d'éduquer un peu les gens qui passeront par le village sur l'histoire de l'esclavage.

Et pour concrétiser cette belle ambition, le mémorial de Poulangy devrait voir le jour en 2028.

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