"Le rêve et l'engagement", retour sur le parcours d'un jeune militant en quête de révolution

Par 19/02/2022 - 06:00 • Mis à jour le 20/02/2022 - 07:13

Professeur des universités en France, Jean-Pierre Asselin de Beauville a occupé les fonctions de vice-recteur auprès de l'Agence universitaire de la francophonie, à Montréal, où il vit depuis vingt ans. Il est aujourd'hui retraité, et consacre une partie de sa vie québécoise à l'écriture. Sa bibliographie inclut des romans ("CQFD ou la diagonale de l'exil"), des articles scientifiques, qui abordent notamment le domaine de la reconnaissance des formes et l'apprentissage des langues. Il a aussi publié un recueil de poèmes (Feuille de vie) et deux livres de contes pour enfants (Les contes fantastiques de baba et les Trésors du pirate).

    "Le rêve et l'engagement", retour sur le parcours d'un jeune militant en quête de révolution
Jean-Pierre Asselin de Beauville

Si l'imaginaire de Jean-Pierre Asselin de Beauville se nourrit d'abord de son enfance en Martinique, ses récits reflètent également les cultures et les territoires qu'il a découverts et côtoyés au fil de ses nombreux voyages.

Son dernier ouvrage "Le rêve et l'engagement" est aussi le récit d'un exode . Il s'agit d'un retour dans les années 1960, une époque qui a réveillé les consciences et l'expression d'une jeunesse mobilisée contre les systèmes de domination en place.

L'auteur mêle donc réel et fiction pour aborder cette époque, qu'il dit "faste pour les étudiants".

Son récit est empreint de nostalgie mais aussi de sa volonté d'engagement et de militantisme pour la décolonisation. Il parle ici des Antilles, de l'Algérie, du Vietnam ou encore de l'Afrique noire, à cette époque qui a connu beaucoup d'évolutions et de luttes d'indépendance:

Le rêve sans action est une absurdité, l'espoir sans engagement est un mirage.

L'auteur pose également la question du départ pour l'hexagone, des étudiants antillais. Ce territoire, encore pour eux, mystérieux, dont certains revenaient durant les grandes vacances, "faisant miroiter les plaisirs de l'existence à Paris", aux potentiels candidats au départ.

La France hexagonale leur paraissait alors "comme une perle rare et mystérieuse", qu'ils avaient hâte de découvrir "sans en connaître les risques encourus".

Par ailleurs, Jean-Pierre Asselin de Beauville écrit sur l'injustice sociale, vécue par ceux, qu'il définit comme les victimes du système politique, "à qui la vie n'a pas permis d'acquérir le bagage intellectuel qui leur aurait donner la possibilité de contester un minimum leur situation".

Les pages de cet ouvrage retracent donc le parcours d'un homme conscient, qui s'est engagé très rapidement, dès son arrivée à Toulouse, dans l'hexagone, au sein de l'Association générale des étudiants martiniquais (AGEM) puis dans l'organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique (OJAM).

Toulouse, Fort-de-France, Paris, Barcelone, Alger, La Havane, Pékin, l'auteur martiniquais a participé à de longues pérégrinations et a ainsi pu rencontrer les jeunesses révolutionnaires, d'ici ou d'ailleurs:

Ca m'a laissé des traces profondes.

L'Algérie, une expérience marquante

Jean-Pierre Asselin de Beauville y vit une "ambiance nouvelle pour les jeunes idéalistes tiers-mondistes que nous étions", sans pour autant comprendre, à l'époque, les rouages de la société algérienne:

Nous ne parlions pas arabe, nous n'étions pas musulmans et n'avions pas de famille ou d'amis proches sur place.

Un séjour en Algérie au cours duquel il rencontre l'épouse de Frantz Fanon. Un territoire qui le confronte aussi à la solitude de l'exil qu'il analysera par la suite.

L'auteur partage donc dans cet ouvrage, son regard sur les révolutions qu'il a connues ou dont il a été témoin, leurs évolutions et leurs échecs. Cependant, il n'oublie pas de saluer celles qui portaient, selon lui, l'espoir d'un avenir meilleur.

Il nous parle de Cuba, cette île qui a résisté à l'impérialisme américain mais aussi de la Chine et de son destin imprévisible, selon lui:

Il n'y avait rien et quand on voit ce qu'est devenue la Chine, on peut dire qu'ils ont réussi leur révolution, même s'il demeure des travers.

Jean-Pierre Asselin de Beauville clôt ce récit sur le choix qu'il a fait, en 1966, de quitter le militantisme pour se consacrer à ses études supérieures de physique:

J'ai mis un terme à mon parcours de jeune idéaliste antillais et interrompu mon rêve de révolution