Place nette à Sainte-Thérèse : les autorités tirent un bilan positif après 3 mois

Par 16/12/2023 - 07:00

L'opération menée depuis trois mois a débouché sur plus de 2500 contrôles et une quarantaine d'interpellations. Pas forcément suffisant pour les riverains.

    Place nette à Sainte-Thérèse : les autorités tirent un bilan positif après 3 mois

Hier, en préfecture les résultats de l’opération « Place nette » à Sainte-Thérèse ont été présentés. Il s’agit d’une action menée depuis le 15 septembre dernier sur ce quartier de Fort-de-France. L’objectif étant de lutter contre les actes de délinquances qui touchent le quotidien de la population.

Une présence demandée par les habitants d'un quartier qui est souvent marqué par les incidents sur la voie du TCSP et les actes de délinquance.

Ce dispositif en 4 axes consistait à renforcer des contrôles sur la voie publique, lutter contre les trafics de stupéfiants, contrôler des établissements recevant du public et enfin améliore la qualité de vie des habitants (notamment en éliminant les VHU du quartier).

Jean-Christophe Bouvier, le préfet de Martinique tire un bilan globalement positif après 3 mois.

Le bilan est effectivement positif. D'abord sur la méthode et les moyens déployés sur la méthode, parce qu'on est parti de l'écoute, de ce qui pouvait nous remonter de la part des associations, des problèmes qui se posaient dans un quartier et du constat fait par les forces de sécurité intérieure de la délinquance existante. Ensuite, sur les moyens déployés, nous avons voulu déployer sur trois mois l'ensemble des moyens de police administrative et de police judiciaire sous l'autorité de la justice, pour pouvoir avoir une approche au spectre large de la délinquance, que ce soit les trafics, mais aussi de toute celle qui est issue, des comportements qui sont inadaptés, qui sont des comportements qui provoquent un sentiment d'insécurité parce qu'on va faire du bruit à la sortie d'un restaurant ou d'un bar, mais également et encore la sécurité des personnes qui fréquentent ces établissements recevant du public

Sur la question des VHU, la procureure de la République, Clarisse Taron, estime qu’il est temps de passer au stade « sanction » pour les propriétaires de véhicules abandonnés

Nous nous félicitons de ce que des voitures sont enlevées, mais nous déplorons que sûrement parce que c'est très chronophage, pour le moment, les polices municipales ont du mal à remonter jusqu'à l'auteur de l'abandon de véhicules et à nous permettre de le poursuivre. Nous avons fait un conseil de juridiction, c'est-à-dire que le tribunal s'est réuni avec les associations, avec TDAVHU, avec les administrations pour dire « Il faut aller plus loin sur les VHU. » C'est une volonté qu'on a. Je crois que l'autorité administrative et les polices municipales ont dit : "Très bien, enlevons les voitures, mais maintenant, sanctionnons aussi les personnes qui les ont abandonnées pour qu'ils sachent que ça coûte plus cher de poser une voiture n'importe comment que d'assurer le traitement de son épave"

Yvon Pacquit, premier adjoint au maire de Fort-de-France, tire lui aussi le bilan de cette opération au micro de Cédric Catan

Ce sont de bons résultats et c'est pour cette raison que nous avons tous souhaité que cette expérience soit maintenue, soit prolongée dans le temps et que ça puisse se faire sur d'autres quartiers, Dillon et aux Terres-Sainville, etc. Nous avons tous insisté sur la nécessité que ce ne soit pas un one shot, mais que ça soit une nouvelle méthode qui doit s'inscrire dans la durée, puisque quand il y a des questions d'insécurité ou de sentiments d'insécurité, c'est psychologique. Il faut véritablement que les citoyens qui sont légitimement en attente d'un cadre de vie sécurisé, il faut qu'ils aient vraiment le sentiment que les solutions qui sont mises en place ont produit des effets sur le moyen et sur le long terme

Du côté des habitants, le bilan est plus mitigé. S'ils constatent qu'une action concrète a été menée, ils déplorent être la cible de menaces de la part des délinquants dérangés.

Bilan chiffré : Trois mois d'intervention qui ont conduit au contrôle de plus de 2500 personnes, 44 interpellations, l’élimination d’un point de deal, 6 avertissements et fermetures d’établissements, et une cinquantaines de VHU enlevés.

Un nouvel outil judiciaire

La procureure a annoncé la mise en place dans les prochaines semaines d’un Groupement local de traitement de la délinquance sur le quartier de Sainte-Thérèse. Elle précise le but de ce nouvel outil :

C'est une structure qui est créée et animée par le procureur de la République et qui consiste, de manière très opérationnelle, à répondre aux problématiques de délinquance sur un territoire, sur une commune ou sur un quartier. Ce GLTD, il est composé d'un magistrat du parquet que je désigne pour ce faire et qui va être l'interlocuteur privilégié de la police, de la police municipale, de la mairie, des associations si besoin, des organismes logeurs, de la protection judiciaire, de la jeunesse, pour dire à un moment donné, on signale un problème particulier, on se réunit dans les 24 ou 48 heures, une heure, très vite, on se dit les choses franchement et on cherche une solution ensemble. L'idée, ce n'est pas de faire une grande messe qui se réunira tous les mois sur le quartier de Sainte-Thérèse, c'est de savoir qu'on peut dégoupiller cette cartouche, si je puis dire, en cas de besoin et chercher une solution ensemble

Cap sur Dillon

Après Sainte-Thérèse, c'est Dillon qui fera l'objet d'une opération "Place nette" dans les semaines à venir. C'est ce qu'a indiqué le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier

C'est un quartier qui se caractérise par la coexistence de gens qui veulent vivre paisiblement, qui veulent pouvoir aller au travail tranquillement le matin, emmener leurs enfants à l'école et des délinquants qui perturbent cette vie. Toujours en lien avec la mairie, toujours en lien avec les associations, nous allons effectivement travailler, concentrer les moyens pendant trois mois sur le quartier de Dillon pour pouvoir là encore faire un point vis-à-vis des établissements recevant du public, vis-à-vis des lieux de trafic de stupéfiants, vis-à-vis des délinquants qui y sévissent et contre lesquels nous allons concentrer les forces de police.

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