[DOSSIER] La Protection de l’Enfance en crise, les Familles d’accueil font face
Les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance sont-ils en danger ? A ce jour, 22 enfants sur les 270 confiés à l’ASE seraient sans référent selon les travailleurs sociaux de la Collectivité territoriale de Martinique. Et pour ceux qui sont placés dans les familles d’accueil, les assistants familiaux peinent à joindre les deux bouts.
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Le quotidien des familles d’accueil implique des défis économiques et émotionnels importants. Des enfants sont parfois placés du jour au lendemain, sans prévenir. Et leurs papiers de placement, comme de sécurité sociale peuvent tarder à venir.
C'est ce que confient Raymonde et Agatha. Raymonde est assistante familiale depuis 2005. Elle a accueilli chez elle plus d’une quinzaine d’enfants. Agatha, elle, est assistante familiale depuis 30 ans.
Les deux mamans de substitution se sentent parfois seules, pas assez accompagnées, et déplorent le manque de visite de la part des services de protection de l’enfance.
Les enfants qui leur sont confiés, elles en sont fières, même si Agatha reconnait que c’est parfois difficile.
Moralement, il faut les aider parce que ces enfants là, des fois, ils se posent des questions. Ils disent « Qu'est-ce que je fais là ? », « J'ai une tatie. » Il y en a qui ne voient pas leur maman (…) Des fois, ça peut être très compliqué. Ah oui, des fois, ils font les crises, ils pètent tout chez toi, mon armoire arrachée, les petits placards pour ranger leurs trucs arrachés... Je regarde vers le haut, j'ai le bon Dieu de me donner un peu de courage pour continuer parce que ce n'est pas évident. Et tu as ta famille dans tout ça. Des fois, il y a des situations très critiques, problèmes sexuels, beaucoup de choses avec des enfants, ce n'est pas facile. Et tu dois assumer tout ça dans ta famille.
Le malaise des familles d’accueil s’exprime
400 familles d’accueil existent en Martinique. Certaines de ces familles d’accueil ressentent un mal être, à tel point qu’elles ont rejoint la mobilisation des agents de la Collectivité territoriale de Martinique, le 26 septembre dernier.
Dans les rangs, nous retrouvons Raymonde et Agatha.
Elles dénoncent leur bas salaire et les disparités avec l’île voisine. Il faut savoir qu’un assistant familial touche 550 euros par enfant en Martinique, contre 1200 euros par enfant en Guadeloupe.
Faute d’allocation de rentrée scolaire, Raymonde et Agatha ont été contraintes de faire des petits jobs en complément de salaire.
ECOUTEZ leur colère
Les travailleurs sociaux manquent de personnel
Il y aurait 6 travailleurs sociaux pour 270 enfants confiés. La moyenne en Martinique est donc de 45 enfants pour 1 référent, alors qu’au national, elle se rapproche plus de 25 enfants pour 1 référent.
Une situation dénoncée par Annie-Manuelle, assistante sociale référente à l’Aide Sociale à l’Enfance. Elle accompagne les enfants de 0 à 18 ans dans le cadre de mesure judiciaire, ou dans le cadre de mesure administrative.
Nous, on fait le tampon… on essaie de faire comprendre aux familles que les délais sont rallongés, et aux familles d’accueil de patienter. C’est difficile pour nous en tant que professionnels parce qu’on doit tout le temps jongler. On accueille la colère des uns, les difficultés des autres et nous on ne se sent pas entendu, ni soutenu par notre hiérarchie.
En bref
Les assistants familiaux accueillent des enfants sortis de leur environnement familial. Le manque de personnel dans les services de l'ASE, les salaires bas et le manque d'accompagnement n'aident pas ces familles d'accueil dans les défis du quotidien.
