18 mois de prison requis contre Charles-André Mencé, l’ancien maire de Ducos

Par 26/05/2023 - 19:15 • Mis à jour le 26/05/2023 - 20:47

Quatre prévenus comparaissaient ce vendredi (26 mai) devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France, dont l’ancien maire, un ancien directeur de cabinet, une ex-élue municipale et un employé municipal.

    18 mois de prison requis contre Charles-André Mencé, l’ancien maire de Ducos
L'audience devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France a duré 5h.

Charles-André Mencé, l’ancien maire de Ducos, était jugé ce vendredi pour « soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés ». À ses côtés, comparaissaient également une ex-adjointe au maire, Marina Siger, l’ancien directeur de cabinet, Wilfrid Cinna et un employé municipal, Gabriel Brafa. Les faits reprochés se seraient produits entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2019.

À l’époque, juste avant les municipales de 2020, des lettres anonymes avaient été adressées au procureur de la République de Fort-de-France. Elles dénonçaient l’usage de matériaux et d’engins de la ville à des fins privées par plusieurs élus de Ducos.

Une enquête préliminaire était ouverte. À l'issue des investigations de la section financière du Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ), quatre prévenus ont été renvoyés en justice.  Les infractions visées tournent notamment autour de l’utilisation du béton municipal.

Deux types de délits sont reprochés aux prévenus qui ont œuvré dans la mairie de Ducos : le recel de détournement de béton pour l’adjoint au maire Marina Siger et l’employé Gabriel Brafa. Charles-André Mencé, l’ancien maire de Ducos et son directeur de cabinet comparaissent pour complicité ou de détournements de fonds publics.

L'ancien maire absent

L’ancien premier magistrat de la ville était absent ce vendredi matin. À la barre, Marina Siger, l’ancienne adjointe au maire, est la première à s’exprimer. Elle confirme que la mairie avait donné son accord pour la réalisation d'un trottoir devant chez elle.

Gabriel Brafa, employé municipal, livre à son tour ses explications. Il affirme avoir été voir le maire en personne qui lui aurait l’aval pour utiliser le béton et la tôle. Pour lui, c’était un fonctionnement normal en Martinique car, selon ses dires, les maires aidaient beaucoup leurs riverains qui n’avaient pas les moyens.

C’est ensuite l’ancien directeur de cabinet, Wilfrid Cinna, qui s’avance. Il soutient que les lettres anonymes sont arrivées pile au moment où il se lançait dans la campagne des municipales pour prendre la succession de Charles-André Mencé.

Marina Siger était d ailleurs sa directrice de campagne et Gabriel Brafa, un proche.

Prison ferme et sursis

Le ministère public fustige son positionnement. Pour le représentant du parquet, en tant que directeur de cabinet candidat à la mairie, il ne pouvait ignorer être dans l’illégalité. « Je ne sais pas ! », se contente-t-il de répondre.

Après 5 heures d’audience, le ministère public ne va pas de main-morte avec les prévenus. Tout en regrettant l’absence du maire, il interpelle chacun des quatre personnes jugées, insistant sur leur connaissance, ou pas, de l’illégalité des pratiques jugées.

Le parquet demande 18 mois de prison, dont 6 assortis de sursis et 15 000 euros d amende contre l’ancien maire ; 12 mois d’emprisonnement dont 6 assortis de sursis et 10000 euros d’amende contre Wilfrid Cinna (le directeur de cabinet) ; 9 mois avec sursis et 4000 euros d amende pour Marina Siger ainsi que 6 mois avec sursis et 2000 euros d amende contre Gabriel Brafa.

L’inéligibilité et l’interdiction d’être gérants de toute activité publique, commerciale ou industrielle sont également requises contre les quatre prévenus, défendus longuement par leurs avocats.

Le jugement est mis en délibéré au 9 juin prochain.

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