Découverte de Phytobôkaz : "il faut suivre le temps de la démarche scientifique"

Par 12/02/2021 - 14:34 • Mis à jour le 12/02/2021 - 18:36

Au lendemain de l'annonce de la découverte du laboratoire guadeloupéen Phytobôkaz, les réactions dans le domaine médical sont plutôt à la tempérance, faute de données scientifiques publiées.

    Découverte de Phytobôkaz : "il faut suivre le temps de la démarche scientifique"

C'est par un communiqué de presse et une annonce du Dr Joseph Henry, que l'annonce a été faite. Le laboratoire guadeloupéen Phytobôkaz aurait déouvert que le zeb à pik, une plante de la pharmacopée traditionnelle, favoriserait fortement l'immunité contre les virus à ARN dont le nouveau coronavirus.

Une découverte de portée mondiale selon le fondateur du laboratoire qui a immédiatement entraîné des réactions d'enthousiasme démesurées. Certaines pharmacies de Guadeloupe étaient d'ailleurs en rupture de stock de Virapic, l'un des produits commercialisés par le laboratoire.

Dans le monde médical, on appelle à la tempérance. Il faut dire que l'emballement autour de l'hydroxychloroquine vantée par le Pr Didier Raoult l'an dernier sert d'exemple.

"Ma première réaction c'est de mener une démarche scientifique. Face à cette annonce, il faut voir quels sont les résultats rapportés par ce laboratoire", confie le professeur André Cabié, chef du service des maladies infectieuses au CHUM.

À ma connaissance, il n'y a pas encore de publication scientifique. Donc il faut voir si cet extrait de plante à des effets en laboratoire. Il faudra ensuite confirmer son intérêt chez l'homme par des essais cliniques

En effet, pour l'heure le seul document fourni sur cette découverte du laboratoire situé à Gourbeyre est ce communiqué de presse. 

Il faut que les résultats soient publiés. Une fois que cet effet est démontré, il faut vérifier ensuite qu'on puisse administrer le médicament ou la plante sans qu'ils soient toxiques pour l'homme. 

La démarche passe également par des essais à grande échelle, explique le professeur Cabié.

Ensuite, il faudra faire des effets d'efficacité à grande échelle où on va administrer la plante à des volontaires ou ce qu'on appelle un placebo, c'est à dire une substance dans laquelle il n'y a pas de principes actifs. En comparant l'efficacité entre ces deux groupes de personnes, on pourra démontrer ou pas qu'il y a un intérêt.

Le chef du service des maladies infectieuses du CHUM compare la sortie médiatique de Phytobôkaz à celles des laboratoires qui produisent le vaccin contre le covid-19. Au dernier trimestre 2020, nombre d'entre eux avaient alors annoncé d'excellents résultats et l'efficacité de leurs formules sans avoir achevé l'ensemble des essais.

Les laboratoires ne devraient pas faire de communiqués de presse indiquant qu'ils ont trouvé telle ou telle chose. Il faut suivre le temps de la démarche scientifique

Pour rappel, le Virapic, qui est le produit phare du laboratoire Phytobôkaz, est commercialisé en tant que complément alimentaire dans les pharmacies où il est vendu. 

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